Sortie : 7 Octobre 2008
4/5
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Cette fin d’année musicale est un peu consternante, par manque de grosses sorties attendues et de découvertes surprenantes. Les rares exceptions sont le Deerhoof, le TV On The Radio (que le Mange Disque trouve intéressant, mais n’arriverait surement pas à le juger à sa juste valeur, par manque d’enthousiasme, et pour ma part je ne pourrais lui mettre qu’un ?/5), et le deuxième album de Marnie Stern. This Is It and I Am It and You Are It and So Is That and He Is It and She Is It and It Is It and That Is That est l'antidote idéal pour se réveiller en cette période ronflante, peut être même le seul disque vraiment rock’n’roll à retenir cette année.
Ce titre interminable évoque d’ailleurs bien les longs riffs tarabiscotés avec 36 notes à la seconde, remplis de doubles croches, de triples croches (ne me demandez pas ce que ça veut dire, je ne sais pas), joués par cette guitar hero inclassable au physique de Barbie. La fameuse technique du tapping, (que vous pouvez observer ici), elle ne l’a pas acquise afin de ressembler aux références du genre (les Van Halen et autres horreurs venant du Heavy Metal, qu’elle ne connait de toute manière sûrement pas), ou pour impressionner, mais bien par nécessité. Car d’après ses dires, « avec de l’entrainement, il est bien plus facile de jouer rapidement une multitude de notes avec ses deux mains sur le manche plutôt qu’avec une seule ». Il n’y a qu’elle pour transformer cette technique habituellement moche et démonstrative (pour ne pas dire de mauvais goût) en quelque chose de totalement inventif et original. Simplement : sa tête déborde d’idées, qu’elle ne peut évacuer qu’avec sa guitare et ses dix doigts. Le surplus de technicité devient un pur outil, et non une fin en soi. Elle est donc une autodidacte qui joue du rock progressif sans le côté pompeux du genre et dans des morceaux de 3 minutes, avec une énergie punk et un chant pop haut perché complêtement décomplexé. Comme si cela ne suffisait pas, elle s’accompagne à la rythmique du batteur le plus insensé et hyper actif du moment, Zach Hill (de Hella), qui sait presque se faire oublier tout en restant efficace (un exploit), pour se dévouer entièrement à la musique de sa protégée (il l’a découverte et il produit ses disques).
L’entrée en matière de l’album est effarante de minimalisme spectaculaire (la guitare et la voix jouent sur une seule et même note répétée pendant toute la moitié du morceau sur un rythme effréné), et tout ce qui suit est un enchainement de morceaux rentre-dedans, compliqués mais funs avant tout. On a l’impression que les notions de « limites », « baisses de tension » et « raisonnables » n’existent pas dans le vocabulaire de Marnie Stern. C’est ce rock là, insouciant, généreux et un peu dingo, qu’on a envie d’écouter cette année.
François.
http://www.myspace.com/marniestern1
Extrait vidéo de l'album:
Le drôle de clip du single Transformer, où Marnie Stern joue avec les références qu’on pourrait essayer de lui coller (esthétique Glam Rock, image cheap, guitare à double manche, fumée blanche…).