Domino
26 Janvier 2009
3/5
Myspace
Malgré l’ajout de nouvelles influences années 80, avec synthés, boites à rythmes et samples, Franz Ferdinand ne se laisse pas submerger. Leur efficacité rock’n’roll reste intacte, et même si on entend ci et là quelques maniérismes ou mélodies de mauvais goût, il est toujours difficile de leur reprocher quoi que ce soit, car ce groupe reste une grosse machine à tubes typiquement « cool ». En plus de cela, ils surprennent vraiment lorsqu’ils s’imprègnent d’influences africaines (Send Him Away), succombent à d’immenses refrains pop fédérateurs (le « Wheeeeereeeeever you aaaaare » sur Live Alone) ou s’initient à des trips acides de plusieurs minutes (Lucid Dreams).
Fredo Viola – The Turn
Because Music
16 Mars 2009
2,5/5Myspace
L’idée de départ est aguicheuse : une symphonie electro-pop influencée par les Beach Boys, essentiellement guidée par la voix multipliée de Fredo Viola, se laissant elle-même aller vers des charabias et autres onomatopées. On parle d’œuvre visionnaire, mais il suffit de réécouter un album de Bobby McFerrin pour se dire qu’il n’a rien inventé. Puis il lui manque encore de vrais qualités de composition en termes d’écriture de pop songs, qui restent encore trop faibles et imprécises pour être suffisamment aguicheuses. Bien sûr, le morceau d’ouverture a une puissance harmonique et vocale impressionnante, mais lorsqu’on découvre le reste de l’album, on a l’impression de s’être fait tromper sur la marchandise (c’est d’ailleurs le seul morceau, avec The Sad Song, qui évoque vraiment les Beach Boys). L’autre moment fort du disque est Ether, grand trip psychédélique (beat noise, notes répétitives de piano, violons dissonants, voix lointaine) qui évolue brillamment à la manière d’une histoire. Pour le futur, s’il pouvait s’engager sur l’une des deux voies avec autant de raffinement sur un album entier, ce serait l’idéal.
Clues – Clues
Constellation Records
18 Mai 2009
4/5
Extraits audios
Constellation, est, je ne vous le répéterais jamais assez, le label qui a enfanté pas moins de 3 groupes majeurs des 2000’s (Godspeed You! Black Emperor, A Silver Mt Zion, Fly Pan Am). Ces groupes ont chacun à leur manière réinventé des façons d’approcher le rock. Ici avec Clues, leurs nouveaux protégés, aucune révolution n’est à déceler, ils n’officient dans aucune catégorie post-quelque chose. Et pourtant Clues est un excellent album d’indie rock concassé et accessible, où les références de spécialistes (post punk, no-wave, psychédélisme) sont finement injectées sans encombrement (contrairement au groupe Women, demandez à Emilien). Le rock est épique (Cave Mouth), les mélodies lyriques (Crows), les ballades cosmiques (In the Dream), et les chansons pop ont des airs de cabaret instable entre le joyeux et le dramatique (Perfect Fit). Un futur classique, assûrement.
DM Stith – Heavy Ghosts Asthmatic Kitty Records
2 Mars 2009
3,5/5
Myspace
Le grand Sufjan Stevens nous dévoile un auteur quasiment sorti de nulle part, qui imprime sur ce premier album un univers musical déjà très personnel. Heavy Ghost est un album hanté par des choeurs fantomatiques et une voix entre l’angélisme de Robert Wyatt et les suppliques de Thom Yorke. Le talent du bonhomme est sidérant, vu l’épaisseur des compositions : arrangements électroniques artisanaux aux sons organiques, et instruments folk habilement menés (piano, guitares acoustiques, violons). Si l’atmosphère lugubre de toute la première partie demeure délicieusement hypnotique, cette musique unique devient moins fascinante, suivant les sensibilités, lorsque l’ambiance devient plus légère (comme sur Fire of Birds, qui fait très « hippies dansant joyeusement autour du feu »).
Peter Doherty – Grace/Wasterland
EMI
16 Mars 2009
2,5/5
Pete Doherty aurait donc sous cette apparence de rocker débraillé et incontrôlable une âme de poète. C’est du moins ce qu’il essaie de faire croire, et je n’irais pas vérifier plus longtemps si c’est artificiel ou non. Tout ce que j’en déduis, c’est que son essai de folk poétique est immédiatement séduisant, bien qu’imparfait. Au contraire d’un album mainstream bondé de featurings opportunistes, on a plus affaire à une poignée de chansons légères et humbles, qui s’accomodent très bien au chant nonchalant de Doherty. A côté des morceaux accoustiques, ce sont celles, orchestrales qui convainquent le plus (les magnifiques 1939 Returning et A Little Death Around the Eyes). Et c’est là où l'on reste lucide en se disant que le rocker a heureusement su s’accompagner de bons producteurs (Graham Coxon de Blur et Stephen Street).
Charles Spearin – The Hapiness Project
Arts & Crafts
10 Février 2009
4/5
Myspace
Le Hapiness Project est construit à partir d’entrevues que Charles Spearin (de Do Make Say Think) a tenues auprès de ses voisins, sur le thème de la définition du bonheur. Il en utilisa ensuite des extraits pour construire de vrais morceaux. A partir des simples mélodies accidentelles créées par leurs voix, il y créa de fabuleuses compositions pop de chambres (avec un véritable groupe de jazz) rappelant le Bad Timing de Jim O’Rourke. Au-delà du simple aspect conceptuel et de la technique savante nécessaire pour arriver à un tel résultat, cette quête de la musicalité de la vie de tous les jours est extrêmement touchante.
The Snobs - Albatross
Autoproduit
26 Mars 2009
5/5
Il serait irrespectueux d’y consacrer seulement quelques lignes. Mieux vaux ne rien dévoiler ici, c'est tout ou rien. Je vous laisse donc languir d’impatience encore un petit moment, car une chronique en bonne et due forme y sera évidemment consacrée. En attendant, vous pouvez le télécharger gratuitement ici.
Archive – Controlling Crowds
East West
30 Mars 2009
1,5/5
Le groupe a été brillant, sur l’album de trip hop ténébreux Londinium (1996), catastrophique sur la pop FM de Take My Head (1999), et rassurant sur les quelques échappées psychédéliques de You All Look The Same To Me (2002) ou de Noise (2004). Mais là ce n’est plus possible. Avec l’arrivée depuis Lights (2006) de ce nouveau chanteur impersonnel, le groupe s’enfonce dans leur trip floydien de bas étage, plombé par une dimension conceptuelle pompeuse (l’album est divisé en trois « grands » mouvements). La noirceur recherchée n’a aucun effet, les essais hypnotiques ne fonctionnent pas. Un vrai groupe has-been (je déteste cette expression, mais ici je ne trouve rien de mieux) qui n’arrive pas à se renouveler.
El Grupo Nuevo de Omar Rodriguez Lopez - Cryptomnesia Rodriguez Lopez Productions
5 Mai 2009
4/5
Myspace
El Grupo Nuevo est un supergroupe formé de membres de Mars Volta (guitare, chant, basse) et d’Hella (batterie, synth bass). Autant dire que pour les fans des deux groupes, pouvoir entendre le jeu minutieusement surpuissant de Zach Hill (un des meilleurs batteurs au monde, au passage), accompagner la guitare virtuose et dissonante d’Omar Rodriguez Lopez n’est pas une mince affaire. On est finalement assez loin des morceaux épiques à rallonges des Mars Volta. Ici tout y est concis, nerveux, aiguisé. Ces 35 minutes de décharges électriques vont droit au but, sans démonstration vaine. Le chant de Bixler Zavala flotte au dessus des acrobaties instrumentales du big band, avec des mélodies toujours impossibles et plus sobres qu’à l’accoutumée. Un grand vacarme rock qui m’impressionne par son jusqu’auboutisme extrême.
Dominique A – La Musique
Wagram Music
6 Avril 2009
4/5
Accompagné sur ses précédents albums d’un groupe entier (sur L’horizon et pendant sa tournée cold wave, sacralisée par le merveilleux live Sur Nos forces Motrices), Dominique A revient à la composition en solo. Cela rappelle évidemment son premier album, La Fossette : chansons faussement minimalistes, boite à rythme omniprésente, quelques guitares et des claviers. Si le côté lo-fi faisait une des forces de La Fossette, la production moderne sublime ici les chansons de La Musique. Si elles s'inscrivent dans une certaine tradition de la chanson française (la voix surmixée, l'inspiration poétique, le romantisme), elles évitent tous les clichés (dont la dérive variété). Dominique A, situé bien au dessus de ses pairs en termes d'inspiration, a trouvé l’équilibre parfait, entre des chansons confortables mais jamais monotones (touché par la grâce sur Dans l’Air ou Jsuis Fatigué), et d’autres plus radicales, d'inspiration anglosaxonne (les robotiques La Verité et Je Suis Parti Avec Toi, remplis de stridences électriques). La Matière, deuxième disque qui vient compléter l'édition collector, est encore plus passionnant que le premier, et fait de La Musique une vraie mine d’or.
François.