bricolages de Simon Feydieu

Publié le 21 juillet 2009 par Lironjeremy
D’abord surprendre dans l’atelier des formes qui s’imposent comme des signes. Signes isolés se répondant en échos singuliers à la manière de ces énigmatiques compositions rupestres du fin fond des cavernes. Celui qui travaille et qui vit sculpte l’espace par ses gestes, les objets qu’il déplace, les morceaux qu’il produit, et bientôt tout est disposé selon le chaos logique de l’activité. Très aléatoirement et très exactement. On pourrait lire en enquêteur ou en ethnologue l’histoire en négatif : des gestes, des trajets, une cigarette écrasée, un café renversé, un livre posé par-dessus une perceuse… toute une activité imprimée au lieu comme le siphon d’un coquillage nous dit son mollusque intimement. Et l’on pourrait rêver en poètes les rapprochements aléatoires ou électifs, les collages ordinaires « beaux comme la rencontre fortuite… » de Lautréamont. Se créent là magiquement et sans y prêter attention des mélanges de formes,de matériaux, des équilibres surgit avec leur beauté bizarre. Si parfois en nous des images se percutent et se mettent en tension avec une épaisseur nouvelle et entêtante, c’est de manière tout aussi aléatoire et impérieuse que les objets ordinaires, les images réelles, le titre d’un bouquin qui traine, s’agrègent en un édifice étrange et tenu, souvent précaire, qui s’impose comme sculpture ou, si l’espace est grand entre chaque élément, en installation. Si Penone disait vouloir sculpter comme le fait la nature, il s’agit ici de sculpter comme le fait l’atelier. Le mode n’est pas tout à fait nouveau, mais il se généralise et chacun se distingue par ses thèmes, ses matériaux de prédilection entre retenue minimaliste et expressionnismedionysiaque.