"La dame noire" de Stephen Carter

Par Fanyoun

 


Ils sont beaux, riches, puissants, familiers de la Maison Blanche... Julia et Lemaster Carlyle forment l'un des couples africains-américains les plus jalousés de la Nouvelle-Angleterre, ce bastion de la "blanchitude". Un soir, alors qu'ils rentrent d'une réception à New England, la prestigieuse uniservité que Lemaster dirige, ils sont pris dans une tempête de neige et leur voiture quitte la route. Julia, horrifiée, reconnaît le corps de son ancien amant, l'éminent économiste noir Kellen Zant.
Ravivant les plaies de la question raciale, ce crime va avoir sur la petite ville universitaire et sur chaque membre de la famille Carlyle des conséquences dévastatrices dont l'onde de choc se propagera jusqu'au Bureau ovale. Car l'enquête sur le meurtre de Kellen lève le voile sur un autre, vieux de trente ans, qui semble impliquer Lemaster et son ami le Président...
Petite biographie de l'auteur de la quatrième de couverture :
Juriste, premier professeur non titulaire d'une chaire de la célèbre université de Yale, ancien conseiller du président Clinton, Stephen Carter est l'auteur de nombreux essais sociopolitiques qui ont fait grand bruit outre-atlantique. En 2002, il fait une entrée fracassante en littérature avec son premier roman Echec et mat, immense best-seller international vendu à Hollywood. Depuis, il s'est imposé comme le grand romancier de l'upper class africaine-américaine.

Edition Robert Laffont, 2009.
Traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Bernard Cohen
ISBN : 978-2-221-09624-6
649 pages

Mon avis :
Les premières du roman ont été lues assez rapidement mais après avoir interrompu ma lecture pour diverses raisons, j'avoue avoir eu du mal reprendre le fil. La multitude de personnages secondaires, des détails à la pelle ont eu raison de mon manque de concentration. J'ai donc relu en diagonale les chapitres déjà lus et là, la magie a opéré : impossible de lâcher ce roman.
Le romancier, après avoir dressé un portrait quelque peu "froid" de Carlyle (trop parfait, hautain) recentre son histoire sur Julia. Julia qui va se mettre en quête de résoudre le meurtre de son ancien amant lié indiscutablement à celui de Gina, jeune fille blanche, assassinnée quelques trente plus tôt.
Un polar certes, mais ce roman n'est que cela. L'auteur aborde des thèmes très sérieux sociologiquement dont l'Amérique n'a pas réussi à se défaire : celui de "la pâle nation" et de "l'obscure nation", je crois qu'il est inutile de préciser qui est qui. Ce problème existe toujours mais l'élection récente d'Obama montre cependant une certaine évolution. Carter définit et décrit parfaitement que la couleur de peau est une signe distinctif aux Etats-Unis et ce, malgré la réussite sociale : l'intégration sociale reste difficile et quelques concessions sont indispensables pour gagner respect et reconnaissance au sein de ce pays de plus en plus moralisateur et puritain.
L'écriture de Stephen Carter est tout en finesse, il joue avec les mots, nous embrouille et les personnages sont construits avec intelligence. Maîtrise parfaite du style. Je ne préfère pas dévoiler même une toute partie de l'histoire, ce serait faire insulte à l'auteur et la manière dont son roman est construit mais vous encourage à vous laisser tenter par cet excellent polar.
Si les quelques 650 pages ne vous effraient pas, c'est le thriller parfait pour les vacances. Rebondissements, intrigue et fin surprenante.




Tous mes remerciements aux Editions Robert Laffont et à toute l'équipe de Babelio qui m'ont permis de découvrir cet auteur.