Ce très beau livre aux nombreuses reproductions de peinturesest une monographie qui suit à la trace l’itinéraire de Nicolas de Staël, un artiste qui a poursuivi jusqu’à son suicide, en 1955, à 41 ans,la quête du visible aux frontières de l’invisible.J’aime beaucoup ce peintre, c’est pourquoi j’ai choisi ce livre dès que je l’ai vu à la BM.
Jean-Claude Marcadé met l’accent sur l’influence de la peinture russe et de la mosaïque byzantine chez l’artiste dont la première exposition fut celles d’icônes, en 1936. Les rouges staëliens de ses dernières œuvresfont écho aux mêmes rouges des icônes russesou crétoises. Il insiste aussi sur la place de la musique chez le peintre qui privilégiait celles de Schönberg, de Webern ou de Boulez. Cette musique lui a permis de « faire sonner la couleur » comme il l’écrit dans une lettre à son ami René Char. La dernière période de sa vie est d’ailleurs consacrée à la peinture de nombreux tableaux musicaux qui sont des chefs d’œuvre absolus comme« Le piano »ou le fameux « Concert »,sa dernière œuvre non terminée.
L’auteur est né en 1914, à St-Pétersbourg où son père était vice gouverneur. En 1919, la révolution contraignit sa famille à l’exil à Bruxelles mais devenu très tôt orphelin il fut confié à une famille belge qui lui fit suivre de très bonnes études humanistes chez les Jésuites tout en étudiant l’art des icônes et les Beaux-Arts. Dans les années 1930, il parcourut l’Europe, vécut à Paris et au Maroc, se maria avec Jeannine Guilloudont il fit de nombreux portraits. A 25 ans, il détruisit toutes ses toiles et peu après il rejoignit la légion étrangère pendant la guerre de 1939. Démobilisé en 1941, il s’installa à Nice où il s’inspira de Jean Arp et des Delaunay. Sa femme mourut en 1946. Il rencontra alors Braque etKandinsky,connut un grand succès aux Etats-Unisdès les années 1950, se remaria, eut trois enfants mais ilsubit une grave dépression en 1953 et, en 1955, il se jeta de la terrasse de son atelier.
Il écrivit un jour vouloir avant tout : "donner forme au désordre ». J’aime surtout ses dernières œuvres !
Une vue d'Agrigente (Sicile), 1953, (73x100 cm, Kunsthaus, Zurich)
L'Etagère, 1955, (Huile sur toile, 89x130 cm, Musée Picasso, Antibes)
Autre Vue d'Agrigente,Sicile, 1954, (Huile sur toile, 114x146 cm, Musée de Peinture, Grenoble)
Son avant-dernier chef d'oeuvre: Le Nu bleu ,1955, (collection particulière)
La Cathédrale, 1955, (Huile sur toile, 195x130 cm, Musée des Beaux-Arts, Lyon)
Dernière oeuvre inachevée du peintre : Le Concert; L'orchestre, 1955, (huile sur toile 350x600 cm,Musée Picasso, Antibes)
Dans dernière lettre à un ami il écrit:" Je n'ai pas la force de parachever mes tableaux. Merci pour tout ce que vous avez fait pour moi. De tout coeur."
Nicolas de Staël,Peintures et dessins par Jean-Claude Marcadé (2008, Paris, Editions Hazan)