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Rencontre franco-belge à Tirecul

Par Eric Bernardin

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Il y a quelques mois, j'avais écrit sur mon forum préféré que je serais heureux d'accueillir tout membre de ce forum pour une dégustation, voire un repas entre amis. Ce n'est pas tombé dans l'oreille d'un sourd belge qui m' a écrit il y a une quinzaine de jours pour dire qu'il passerait à Tirecul la Gravière (NDLR : où je travaille) et qu'il serait heureux de boire quelques bouteilles en ma compagnie.

Il est donc venu jeudi soir avec sa femme, son frère et sa belle-soeur, alors que l'orage menaçait de s'abattre sur la région. Après un petit tour de la propriété et des chais, nous sommes passés aux choses sérieuses...

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Domaine des Tours (blanc) 2004 : nez marqué par la fumée et la pierre chaude. Bouche sphérique d'une grande amplitude, parfaitement soyeuse. Il n'y a rien qui accroche le palais dans ce vin. Le "style rayas" appliqué à la clairette. C'est frais, élégant, net. Avec toujours cette touche fumée qui se marie très bien avec le jambon cru que nous "becquetons". Y a bon !

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Jurançon Vitatge Vielh 2005, domaine Lapeyre : nez fin et complexe sur les fruits très mûrs, presque confits et de nobles notes d'élevage. Ca ne prépare pas vraiment à la bouche qui est d'une fraîcheur renversante, avec une acidité saillante qui réveille et ravit le palais. Hormis celle-ci, le nez est confirmé par une matière bien mûre, presque grasse. La finale est intense, toujours dominée par cette acidité surréaliste. J'adore !

Puis je leur fais bien sûr goûter les vins blancs secs du domaine...

Mademoiselle 2007 : nez sur le muscat et les fleurs blanches. Bouche tendue, limpide, avec une grande fraîcheur. Finale minérale, très nette.

Tirecul la Gravière 2002 : nez toujours aussi baroque sur des notes de fruits confits, de truffe blanche et d'épices grillés. Bouche ample, aromatique, avec de la fraîcheur et une belle persistance. Irrémédiablement (et inobjectivement) fan !

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Nous passons aux rouges avec le plat principal (de la dinde façon gigot)

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Côte Rôtie 2001JM Stéphan : dès que je verse le vin dans le verre, je suis surpris. On dirait un Bourgogne assez léger. Au nez, c'est un peu pareil : des fruits rouges, un peu d'épices. Pas grand chose d'autre. En bouche, c'est rond, frais fruité avec un manque évident de densité et de complexité. C'est juste "gouleyant" . Ce vin est une énigme pour moi. Comment a-t-il même pu obtenir l'agrément comme côte rôtie tellement il diffère de l'idée que l'on peut s'en faire ?

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Mas des Chimères 2000 (VDP du Salagou): là, il y a du nez ! Très fin, complexe avec des arômes fruités, floraux, épicés, tertiaires. A faire pâlir nombre de grands bourgognes. Et ça se confirme en bouche : d'une finesse rare, avec une matière élégante et légère, des tannins soyeux, un fruit éclatant. Nous sommes tous épatés par ce "petit vin" qui joue sans complexe dans la cour des grands.

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Côtes du Ventoux 2005 "Gigantis", vignerons du Ventoux : le nez est plutôt discret, sur les fruits noirs bien mûrs et l'élevage noble. La bouche est d'une belle ampleur, avec une matière dense et mûre, mais surtout des tannins satinés comme rarement j'ai pu boire. Le vin glisse en bouche d'une façon incroyable telle une boule de soie. De même, l'alcool ne se fait pas du tout sentir malgré les 14° avoués. Un équilibre superbe ! Il faut le dire : on sait faire ce genre de vin en cave coop' !

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Côtes du Roussillon villages "Vieilles Vignes" 2000, Domaine Gauby : nez très expressif sur les fruits noirs et le schiste.  Bouche mûre, savoureuse, avec une mâche gourmande, d'un grand équilibre. C'est vraiment très agréable !

Sur une compote de pêches bien fraîche, nous avons fini sur les liquoreux du domaine...

Monbazillac les Pins 05 : nez sur l'ananas et l'abricot. Bouche ronde, fraîche, presque cristalline, avec une liqueur en retrait. On se demande où sont les 140g de sucres résiduels...

Monbazillac Tirecul la Gravière 2004 : nez sur l'écorce d'orange et les épices. Bouche longue, tendue, à la matière suave mais fraîche.

Monbazillac "Madame" 2001 : nez fin et intense sur les fruits secs, l'orange, le safran. Bouche encore plus longue et tendue que le précédent, avec une matière beaucoup plus riche, suave, très soyeuse. Grande intensité aromatique. Finale très longue. Un must !

Je ne vous étonnerai pas en vous disant que mes 4 amis belges étaient ravis de cette soirée. Il ne me manque plus qu'à aller en Belgique pour les visiter à mon tour ;o)

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