Peut-être quelque chose qui vient de l’Est et qui, par le patois de ma mère, catholique entourée d’amies juives, résonne en Yiddish. Ses couleurs et ses naïvetés me remettent en enfance et me racontent des histoires avec le même accent encore teinté d’Europe centrale.
Sourire, car chez lui tout le monde vole : les mendiants au-dessus des toits du village ; la jolie fermière qui plane au-dessus de l’église et dont la tête flotte un ou deux mètres plus haut ; les musiciens ; les animaux…
Sourire, parce que j’entends jouer ses violonistes et que je me revois avec le trois-quarts d’occasion que mon père m’avait offert. Leurs notes sont magiques et leur musique raconte des histoires bien mieux que mes crincrins. Il y en a un, au visage couleur d’herbe qui, en manteau blanc, joue sur les toits enneigés et chante sûrement « Petrouchka, ne pleure pas, entre vite dans la danse, fais danser tes nattes blondes, ton petit chat reviendra… ». Un autre joue dans la nuit, perché dans un arbre en regardant la fenêtre illuminée de la maison d’où montent les chants et les rires des convives au repas de noce. Un autre encore, aux mains et au visage tout verts, en redingote indigo, saute à cloche-pied sur des toits de bois. Un gros poisson bleu ailé, une horloge accrochée à son ventre, survole la rivière et de sa nageoire en forme de main laisse échapper un archet et un violon jaune.
Sourire à cause des trains quand, à Paris, un chat sur la fenêtre regarde la tour Eiffel pendant qu’une locomotive roule, tête en bas, en crachant un panache de…