“… comment pourrions-nous voir aujourd’hui la lune avec les yeux d’un Grec (ndr: de l’antiquité) ? J’ai pu m’y essayer du temps de ma jeunesse, à mon premier voyage en Grèce. Je navigais de nuit, d’îles en îles; couché sur le pont je regardais, au dessus de moi, le ciel où elle brillait, nocturne visage lumineux, étendant son clair reflet, immobile ou dansant, sur le sombre dos de la mer. Je m’émerveillais, fasciné de cette douce et étrange clarté qui baignait les flots endormis; j’étais ému comme d’une présence féminine, à la fois proche et lointaine, familière et cependant inaccessible, dont l’éclat serait venu visiter l’obscurité de la mer.
C’était Séléné, me disais-je, nocturne, mystérieuse et brillante, c’est Séléné que je vois. Quand je regardais, bien des années plus tard, sur l’écran de mon téléviseur les images du premier explorateur lunaire sautillant lourdement dans son scaphandre de cosmonaute sur le terrain vague d’une banlieue désolée, à l’impression de sacrilège que j’éprouvais se joignait le sentiment douloureux d’une rupture qui ne pourrait plus être réparée: d’avoir, comme tout le monde, contemplé ces images, mon petit-fils ne saurait plus jamais voir la lune comme il m’était arrivé de le faire, en la regardant au miroir des yeux grecs. Le mot Séléné est devenu une référence purement érudite; la lune telle qu’elle apparaît dans le ciel, ne répond plus à ce nom-là”.
Jean-Pierre Vernant, “Entre mythe et politique”, Seuil 1996.
… Je ne saurais dire mieux.
- Spécial Prince. Chez Seb Musset.
- L’information, à vendre ou non ? Monde en question.
- “La “métropole”, nouvel échelon au cœur de la réforme des collectivités locale”. Le Monde.
- “La Lune est pour demain. La promesse des images”. Blog ARHV.
- Quand même une bonne nouvelle au milieu de cette morosité… Reuters/Le Monde.