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5-0-5 : le zéro

Publié le 20 juillet 2009 par Menear
Écrit sur un coin de table, avant de l'oublier. Coup de tête partie III, un peu plus loin que cette page 8 qui depuis dix jours n'a pas avancé. Je préfère écrire en suivant la chronologie mais cet instant s'est présenté le premier, je respecte. J'ai pris note et construis premier jet cet ersatz de page. La montée vers les cimes, dans la troisième partie, est calqué sur le rythme de la chanson 505 des Arctic Monkeys. Ce passage là, ce passage précisément, correspondrait plutôt au zéro.
Trop de pas stoppés nets dans la poussière de l'effort. Mes Van's traînées par terre découpent un je sais pas quoi dans la pente fumée derrière. Silence-douleur trop dur à digérer, je respire ou j'essaye. Coup d'œil derrière l'épaule pour voir ce qui s'étend, le chemin parcouru. Silence lourd dans les mâchoires et yeux plissés : moi, je me dis, je me dis en voyant ça, je voulais juste, je voulais juste. Mais ma phrase, je sais pas pourquoi, devant la pente censée se trouver derrière, je la termine pas. Je la soulève juste et elle se laisse défaire comme si c'était, comme si c'était pas si important que|
Ma main, la gauche, fondue dans ma hanche comme si ça pouvait m'aider à me tenir, mon dos quatre-vingt-dix degrés contre mon ombre que je vois par terre avec le reste. Je vois aussi celles, découpées-brèves dans la poussière, des cimes portées au sol qu'on voit à peine et qu'on subit.
Je sens doucement le sang noir me descendre à la tête. Je me sens plus lourd, je constate, plus lourd qu'en bas des pistes, plus lourd que ces jours d'avant où le vide était plus fort. Je respire par saccade entre les décharges régulières de ma main, main droite, qui s'étendent depuis coudes, épaules et retombent par dessus clavicules et poumons jusqu'au ventre. Estomac déformé qui tremble sous la peau, d'autres aiguilles avalées se répandent par le nombril pour gagner plus haut jusqu'aux côtes et thorax. Je pourrais compter les lancés qui se croisent, je pourrais analyser la rencontre de ces deux couleurs vives et différentes mais je m'abstiens. Je reste là, plié en deux sous les décharges et aiguilles croisées, à attendre que ça passe ou que les jambes reprennent, d'elles-mêmes, l'ascension sous la poussière. Bientôt les décharges côté droit et anguilles sous l'estomac se rejoignent et projettent ensemble les mêmes vagues sous la peau. Chaque pulsation, du poignet jusqu'à la hanche provoque aiguë une pression qui lacère. Chaque pulsation me ramène à ma faim, mes manques. Je lève la tête quand mon œil se défait sous mon sang : je fais semblant de reprendre de fausses respirations. Le sommet est en vue, plus loin, plus haut, derrière les ombres et téléphériques mais qu'est-ce que ça peut faire ? C'est pas l'envers du décors que je pourrais trouver ici, je me dis. L'envers, l'envers, l'envers, toujours l'envers, que ce putain de mot à la|
L'envers du pire ou du reste, au mieux il me fera tomber plus vite, je me dis, mais sur le même versant, autre solstice, même matin. Nouveau silence. C'est comme ça, on n'y peut|
Cinq secondes de plus à y croire et à me le répéter et je dévale la pente et j'oublie le reste. Je compte un, deux, trois. Cinq secondes, c'est plus long quand on tient.

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