Si Stephan Eicher est le seul navire en surface du Lac Léman, alors Sinner DC est sous-marin de la marine suisse et Crystallized la preuve que ceux-ci peuvent sortir de l'eau sans avoir le vertige ou le mal de mer.
Crystallized, ce disque est le chant des sirènes sur le dancefloor, tout au dessus des nappes de synthés en sueur et de mes pieds qui chauffent en me dandinant sur la moquette sans t'abrutir par les BPM. Glaciale, l'odyssée sonique suit son cours (Golden Horses, V) et évite les icebergs de l'IDM alors que l'auditeur agite les bras et se liquéfie en ayant oublié qui était Faithless (The Medium Is The Message). L'invasion de guerriers pacifistes interstellaires mais pas toujours neutres sans le son et au ralenti ; le Sennheiser sur les oreilles pour l'écho des baleines à plusieurs kilomètres en dessous du vaisseau. Un peu de fraîcheur sur le Dryland sursaturé des musiques électroniques qui font bip-bip en t-shirt sérigraphié. Slowdive sans les guitares, Masha Qrella en mieux ou encore la musique d'aéroport de Brian Eno où l'on jouerait au ping-pong en apesanteur. L'héroïsme, rappeler ici les nineties en en faisant le deuil, devient crédible et dégraisse sans disgrâce. Qu'on le veuille ou non.
En regardant vers le bas, c'est tous les vétérans à qui on compare Sinner DC (BPitch Control par exemple) que l'on voit croupir sous le poids de ce terme désuet : techno. Vers le haut, une seule autre embarcation cosmique faisant figure de référence fait encore de l'ombre aux suisses : Boards Of Canada. Encore.
Par les temps qui courent, avec le retour de la disco dance circa 1984, Sinner DC ressortent le pire pour une génération née entre 87 et 92 tout comme le dernier zZz il y a quelques mois. Sauf que subtilement, Sinner DC peut continuer à déjeuner en paix.
Sinner DC // Crystallized // AI records