Florence reste une ville de rêve...

Publié le 20 juillet 2009 par Anne Malherbe
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C'est toujours un plaisir pour moi de replonger dans l'art du XVe siècle.
Ce qui m'émeut particulièrement chez les peintres de cette époque, c'est que, se sentant désormais capables de tout peindre, ils le manifestent avec un plaisir et une joie presque enfantines.
Tenus par des exigences strictes de la part de leurs commanditaires, ils exercent leur liberté partout où ils le peuvent: dès que ça leur est possible, ils ne manquent jamais d'intégrer la représentation de telle émotion, d'insérer tel détail réaliste, de figurer telle anecdote.
Ils s'ébattent avec fraîcheur dans la richesse du monde sensible.
Cela me paraît particulièrement vrai chez un peintre que les spécialistes tiennent souvent pour moins intéressants que d'autres maîtres de la même époque, Benozzo Gozzoli — peintre de cour, peintre à la mode, pratiquant une préciosité un peu inutile et traînant un raffinement et une complexité empruntées au gothique tardif, qui n'auraient plus sa place dans la rigueur moderne de la peinture florentine.
Pourtant, la fameuse Chapelle des Rois mages, au sein du palais Medici-Ricardi, est un plaisir infini pour les yeux.
Le regard ne cesse d'aller et venir dans les circonvolutions de la représentation (le long cortège des Mages qui court sur presque tous les murs de la pièce).
Tout ce qu'il peut rassembler de paysages, de figures humaines, d'animaux, d'expressions, de détails vestimentaires, viennent se presser dans la fresque.

C'est presque trop par rapport aux capacités du regard.
Dès lors, l'esprit cesse de chercher à comprendre et à interpréter, et l'on s'abandonne à ce foisonnement , on se laisse aller à l'exultation de la vision.
Je crois sincèrement que l'un des rôles de la peinture, quelle qu'en soit l'époque, est de porter à son plus haut degré le plaisir visuel.