3ème Garden Nef Party d’Angoulême - 17 et 18 juillet 2009

Publié le 20 juillet 2009 par Oreilles

Les yeux rivés vers le ciel, scrutant avec appréhension le moindre nuage suspect qui ne serait pas à sa place, c’est méfiants et équipés pour la pluie que se sont rués en masse les tout de même 18.000 spectateurs de cette Garden Nef Party troisième du nom. Après deux éditons plus que réussies propulsant le festival angoumoisin au rang des tous meilleurs français, tant dans l’organisation que dans la programmation (peut-être encore plus pointue que l’an passée), celle-ci s’est finalement déroulée sans trop d’encombres.
Découverte du site, poignées de mains, acquisition du gobelet salvateur, tout juste le temps d’être à l’heure pour la prestation Phoenixienne que j’avais raté à Barcelone. Eh là désolé Nickx, mais le plus international de nos groupes français ne m’a toujours pas convaincu. Rock à midinettes tout juste efficace, Phoenix s’il sonne bon les années 90 ne peut avoir d’autre ambition selon moi que d’atteindre le niveau d’un Nada Surf au meilleur de sa forme. Pas mieux. Quant à Ghinzu, c’est un peu le même combat avec un côté encore ultra grandiloquent et poseur. Mais enfin, on aime l’ambiance belge qui rappelle tant dEUS, Mud Flow, Girls In Hawaii et consorts.

A peine plus tard, c’est déjà l’heure de la tête d’affiche de cette Garden. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que de l’eau a coulé sous les ponts depuis la première fois où nous avions vu les Franz Ferdinand jouer en comité réduit dans une petite salle montpelliéraine. Le prospectus ne se trompe pas, les FF sont les Kinks d’aujourd’hui. Qu’on le veuille ou non. Le quartet de Glasgow a pris du galon et sort l’artillerie lourde sur un répertoire pas si évident que ça, donnant la part belle aux trois albums et démontrant aux plus aigris que derrière Alex Kapranos se cachent trois excellents musicos, à commencer par le batteur qui tire largement sa baguette du lot, et par la même le groupe vers le haut.
Un peu plus tard pas de surprise, ceux qui attendaient encore quelque chose de Vitalic en mode silencieux depuis quelques temps ont été cueillis par une douche froide. Déjà l’installation de ces miroirs / néons était fastidieuse, mais alors que dire de sa musique ? Poum tchak poum tchak poum tchak jusqu’à plus soif. La céphalée l’emporte.

Le lendemain et c’est déjà la dernière ligne droite (eh oui c’est ça un festival sur deux jours). Le public est toujours là, déambulant d’une scène à l’autre (eh oui c’est ça un festival sur deux scènes). Mon équipe et moi (la famille, les potes, Longueur d’ondes, Allomusic) on s’est dit qu’on allait peut-être aller voir des concerts sur la petite scène parce que la veille on l’avait plutôt joué mainstream. Bonne idée puisque je découvre John & Jehn, agréable duo local installé à Londres, Zone Libre Vs Casey, supergroupe français à la Rage (et très belle ouverture du rock au hip-hop) et The Jim Jones Revue, tout simplement parfait et qui nous rappelle par là même ce que c’est finalement que le rock’n’roll.
Côté grande scène, Mix Master Mike et son mix orgiaque nous font agréablement passer la pilule Santigold, absente de dernière minute pour cause d’angine. On oublie Papier Tigre également pour tous se mettre d’accord sur le fait que Cold War Kids c’est chiant. Ils ont l’air sympas et tout, mais c’est chiant. Par contre le couple The Ting Tings est une excellente surprise. Très électrobubblegumpop, mais diablement efficace. "That’s not my name" est d’ailleurs un sacré morceau de scène. Le bibendum Gossip leur emboîte la pas et livre un show beaucoup plus sage qu’à l’accoutumé, et on se dit que finalement c’est beaucoup plus un groupe à voir qu’à entendre. Heureusement l’énergie sauve des chansons qui finissent par tourner en rond.

Enfin, last but not least, quelqu’un que je n’attendais pas forcément allait nous retourner le cerveau. Mr Etienne de Crecy, non content de se targuer d’être l’un des pères fondateurs de la French Touch est encore un Dj monumental dont les beats transperceraient les tympans d’un sourd. Ajoutez à cela une recherche dans le spectacle constitué d’un Rubik’s cube géant (6m sur 6), tout illuminé et animé on ne sait comment, Etienne au centre (et donc surélevé), et c’est un plaisir de chaque seconde pour les yeux et les oreilles. Nous sommes bouches bée. Quelle plus belle façon de terminer ce festival ?
Si une météo et un contexte économique défavorables ont certainement été la cause des quelques milliers de festivaliers en moins par rapport à l’an dernier, l’intérêt pour les musiques indépendantes et alternatives est néanmoins toujours présent. C’est d’ailleurs peut-être ce qui sauve O Spectacles l’organisateur de l’événement qui assume à lui seul le déficit engendré, car oui, la GNP ne rentre pas dans ses frais, comme bien d’autres festivals actuels d’ailleurs, remettant ainsi en cause un fonctionnement à hauteur de 83% de recettes propres ( !) basé sur le bénévolat (au nombre de 360). Gageons que d’ici l’an prochain les choses devraient bien évoluer à ce sujet.
Le site officiel du festival
Les comptes-rendus des éditions 2008 et 2007
Photos Okluba Tadeusz / Isabelle Louvier ©