Peintre important des années 80 et figure emblématique de la figuration libre, Jean-Michel Basquiat
a tout pour devenir un mythe : premier artiste noir américain à bénéficier d'une reconnaissance internationale, il connaît une carrière fulgurante, consume sa vie et meurt prématurément à
l'âge de 27 ans ( en 1988 à New-York) d'une overdose. Né d'une mère portoricaine et d'un père haïtien, Basquiat montre dès le plus jeune âge une réelle aptitude artistique. Sa mère,
sensible à l'art, l'emmène fréquemment visiter le MOMA, (le Metropolitan Museum of Art) et l'encourage à développer ses talents artistiques.
Basquiat se fait connaître dans le milieu de l'underground par ses graffitis et ses tags (à la fois humoristiques et énigmatiques), sur les murs de Soho et du métro new-yorkais, qu'il
signe sous le pseudonyme SAMO (Same Old Shit). Ami et collaborateur d'Andy Warhol ( il travaille ensemble à partir de 1984), il devient rapidement l'un des artistes les plus en vue. Le
corps humain inspirera énormément l'artiste dans son oeuvre, à l'âge de 7 ans, il a été hospitalisé suite à un accident de voiture (sa mère pour passer le temps lui a offert un livre
d'anatomie intitulé Gray's Anatomy qui influencera Basquiat par la suite), ce qui lui laissera un profond traumatisme. La mort est omniprésente dans son oeuvre ( des têtes de morts, des
flammes, des totems vaudous...), comme un présage.
Son style est très original, nerveux, violent et énergique, dans ses peintures on sent également les inspirations de ses origines haïtiennes et portoricaines. Peintre-poète, il réalise de
vastes collages où les images, les signes, les poèmes et les mots-concepts peuplent ses tableaux. Sur la toile ("préparée" par endroits par l'application de photocopies en couleurs), mais
aussi sur des supports moins traditionnels arrachés à l'espace urbain (des barrières), s'inscrivent des figures sombres et grotesques, des mots ou des formules, des signes plus ou moins
déchiffrables, entrecoupés de couleurs stridentes. Des citations extraites des médias s'y laissent lire, de même çà et là apparaissent des fragments autobiographiques (la couronne de
Samo) et des éléments empruntés au culte vaudou (affirmation de sa "négritude").
Les graffitis de Jean Michel Basquiat expriment la révolte constitutive d'une identité et d'une culture multi-ethniques, il peint l'histoire du peuple noir, le jazz et les jazzmen qu'il
vénère. Il dénonce tous les symboles de la société de consommation américaine, la pauvreté urbaine et la médiatisation exacerbée. Il peint aussi des éléments tirés de sa vie dans la rue
(des voitures, bâtiments, policiers, des jeux d'enfants, des graffitis...). La question du racisme le hante depuis son plus jeune âge. Une majorité de ses toiles évoque la difficulté
d'être noir. Sa créolité qu'il porte en lui trouve difficilement sa place dans un monde à majorité de blanc.
La peinture de Basquiat se réfère autant à l'art primitiviste, à l'Art brut ou à Cobra qu'à la grande tradition américaine, de Rauschenberg à Cy Twombly. Jean-Michel Basquiat marquera par
son style le renouveau de la scène artistique new-yorkaise des années 80.
"Je n'écoute pas les critiques d'art. Je ne connais personne qui ait besoin d'un critique pour trouver ce qu'est l'art." Jean-Michel Basquiat.
Untitled (Quality), 1983
Oil paintstick and ink on paper, 19.5x15.5 inches
Whitney Museum of American Art, New York; Purchase, with funds from Mrs. William A. Marsteller,
The Norman and Rosita Winston Foundation, Inc., and the Drawing Committee
Source: bibi, poète, site Toute la Poésie (TLP)