Le 7 juillet, Bercy tremblait devant le sublime Léonard Cohen. Et pour cause...
Les lumières s’éteignent et on entre dans un autre monde. Les musiciens apparaissent, puis lui. Ou plutôt devrais-je dire Lui. Il commence, comme souvent, par « Dance me to the end of love ». Qu’on aime la chanson ou pas, on comprend tout de suite que ce concert va être magique.
Léonard Cohen se penche très souvent vers ses musiciens en chantant, comme pour les encourager. Et pour un chanteur (auteur-compositeur, poète, musicien...) de folk, au départ, des musiciens, il en a à la pelle ; et tous excellents. C’est un véritable orchestre éclairé par de multiples et magnifiques lumières. On a le droit à un véritable cours de musique également: des guitares, un banjo, une flûte, un harmonica, une batterie, des voix etcetera etcetera. Les chœurs de femmes, c’est un peu la marque de fabrique de Léonard Cohen. Souvenez-vous, dans son premier album, la chanson « So long Marianne ». Parmi les trois femmes présentes sur scène, Sharon Robinson se trouve être également co-auteur de plusieurs chansons, dont « Everybody knows », et on aura même la joie de l’entendre chanter « Boogie Street » en solo. Pas de première partie, mais une belle découverte. Et Léonard Cohen a une façon bien à lui de présenter ses musiciens ; le batteur devenant « our time-keeper » par exemple. Un poète, on vous dit.
Un poète qui aime ses musiciens et qui aime la musique. Probablement de tout son cœur. Il aime également nous la faire partager et nous, pauvres terriens, on voudrait prendre un micro et lui dire merci. Mais on pense qu’il aura compris que le bonheur est partagé. Et comment ne pas se sentir heureux quand on nous chante « Hallelujah », « So long Marianne », « Bird on the wire », « The Partisan », on’en passe et des meilleurs. Quand il chante « I’m your man », tout le monde y croit, chacun est persuadé que ces mots lui sont adressés. On peut sentir chaque petit frisson qui parcourt la salle ; et quand il nous chante « I’ll examine every precious inch of you » , le public en est tout émoustillé et applaudit avec ferveur. Il reprend heureusement sa guitare pour quelques chansons et on croit retrouver le jeune folkeux de 1968. Le poète s’en donne à cœur joie ; il jouera trois heures complètes, comme à son habitude, mais surtout reviendra à plusieurs reprises pour les rappels. Il sème des petits clins d’œil pendant les rappels s’arrêtant sur « Closing time » et essayant de nous faire peur en concluant « It’s closing time my friends ! » pour ensuite revenir avec « I tried to leave you » en chanson finale. Et tout le monde d’applaudir.
Dans la soirée du 7 juillet 2009, près de 15 000 personnes ont cru devenir l’ami de Léonard Cohen. L’illusion était parfaite ; « some of them [my friends] are here tonight » nous chante-t-il. Pour couronner le tout, il a parlé très fréquemment en français, nous a remercié d’avoir été si chaleureux et accueillant et s’est dit honoré d’être là. Y a pas à dire, il sait manier les mots. En partant, il soulève même son fameux chapeau et nous embrasse. « I hope you are satisfied », nous dit-il dans sa dernière chanson. Oui, l’ami.