La seule façon possible pour moi de sortir davantage de la pauvreté, passe sans l'ombre d'un doute, par retrouver mon autonomie financière. Pour y arriver, il faut absolument me retrouver un travail rémunérateur, adapté à ma condition de santé.
S’il y a eu une porte d’entrée dans la pauvreté économique, c’est qu’il y a aussi une porte de sortie. ( Auteur: Patricia Turcotte )
Ce n'est pas évident de se retrouver de nouveau sur le marché du travail, quant tu vis avec des limitations physiques et des restrictions face aux stress. Jamais je ne prendrai pour acquis, que ma place n'est plus sur le marché du travail, parce que dans les années passées, j'ai sombré dans une dépression nerveuse et dans la maladie physique. Constamment, c'est la recherche d'une plus grande autonomie, sans toutefois refuser la réalité de mes limites humaines. J'ai encore besoin des autres, comme les autres ont encore besoin de moi.
Il suffit de croire en moi à nouveau et de me souvenir que je ne suis pas venue au monde, pour passer le reste de ma vie, dans la pauvreté financière. Fort heureusement, en 2001, un excellent professionnel de la santé m’ayant référé à des spécialistes, a découvert les diagnostics qui justifient, non seulement deux importantes chirurgies médicales, mais les médicaments adéquats pour arriver à composer 24 heures sur 24, avec la douleur permanente insoutenable, sans soulagement des malaises. Des douleurs physiques non soulagées m’ont conduit dans la passé, dans les tristes chemins de la maladie mentale. Par chance et par combativité, depuis plus de 9 ans, je ne prends plus aucun remède pour la maladie mentale.
Combien de personnes endurent des malaises majeurs qui ne se voient pas au premier coup d’œil, comme par exemple, la douleur chronique et la fibromyalgie. C’est avec énormément de patience et de persévérance que je poursuis ma route, comme tant d'autres: chaque matin, je me réveille et, la douleur me pique un clin d'œil. Finalement, mon corps devient un baromètre et mon meilleur ami, comme mon pire ennemi. Tout dépends de ce que je décide d'en faire.
Je suis toujours classée depuis 1992, comme étant inapte au travail et reconnue comme soutien financier avec des restrictions sévères à l’emploi. Cela ne m'a pas empêchée d’œuvrer pendant plus de cinq ans, auprès des personnes âgées en pertes d’autonomies physiques ou psychologiques, ainsi que de réaliser un vieux rêve d’enfance, en m'inscrivant à un cours d'écritures créatives. Mon diplôme suspendu au mur de mon bureau, me rappelle que l'écriture est mon loisir favori, mais surtout mon meilleur médicament.
Un véritable OUI à la Vie
Un jour, j'ai pris conscience que j’étais l’artisane de mon propre bonheur, comme de mon malheur. Toutefois, comme nous vivons en société, il ne faut pas tomber dans la fatalité. La vie est peut-être un jeu, mais encore faut-il en connaître les règles. L’entraide entre les gens, dans la société et dans les gouvernements, cela existe aussi; sinon, nous habiterions chacun sur notre propre planète.
Quant survient l'effondrement total de tous nos espoirs, nos rêves, nos buts, nos valeurs et nos projets; c'est alors la croisée des chemins qui survient dans la vie d'une personne. Le temps de réaliser nos limites, nos faiblesses et nos pauvretés frappe à notre porte. Il est important de se souvenir de nos qualités, de nos forces, de nos talents et de nos rêves. Ne jamais délaisser nos rêves qui sommeillent en chacun de nous. Voilà le secret pour garder l'espérance durant les tempêtes et les ouragans de la vie.
J’ai appris par la force des choses, à apprivoiser la douleur et à redonner malgré tout, un nouveau sens à ma vie. C’était et c’est encore aujourd’hui, une vigilance et une discipline quotidienne de poursuivre mes exercices réguliers, mes marches quotidiennes même si ça fait encore plus mal, mes temps de détentes et de relaxations, une saine alimentation, mon loisir de l’écriture, etc. Par contre, je veille à me payer à l’occasion, le seul loisir qui m'est accessible: un café au Bistro du coin, tout en lisant les journaux. Souvent, je compose mes meilleurs articles dans ces précieux moments.
Le plus important est de conserver mon sens de l’humour et faire de plus en plus ce que j’aime vraiment; ce qui me tient à cœur et surtout ce qui me passionne. J’ai enfin retrouver mon cœur d’enfant qui s’émerveille à nouveau. Je parviens maintenant à partager mes joies et mes peines quotidiennes, à des êtres chers en qui je fais confiance, tout simplement.
Retenues en vies artificiellement, dans un état semi-comateux
À mon humble avis, il y a toute une sensibilisation à faire dans la société et auprès des employeurs, pour l’intégration sur le marché du travail, des personnes vivant avec des limitations fonctionnelles, des handicaps ou des déficiences de toutes sortes. Bien des personnes comme moi sont à vrai dire, retenues en vie artificiellement, c’est-à-dire, dans un état semi-comateux, dans le système actuel de la société. Une force intérieure en chacun de nous, n'attend que nous lui demandions de nous sortir de ces roues de misères et de pauvretés. Sauf, qu'une personne seule ne va pas très loin, si l’assistance sociale et gouvernementale ne nous donnent pas la main pour se retrouver un emploi rémunérateur.
En attendant, il est nécessaire de s'entraider et de partager avec les autres; éviter l'isolement et le découragement est obligatoire pour ne pas sombrer dans la dépression sévère et risquer un geste trop souvent irréparable, comme une tentative de suicide. Peut-être suis-je en train de rêver en couleurs, mais j’y crois encore à une société plus juste, plus humaine et plus solidaire; dans la joie comme dans l’épreuve.
Patricia Turcotte © Le 15 juillet 2009