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La théorie, la pratique, LA Vérité

Publié le 20 juillet 2009 par Raoul Sabas

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Dans le prolongement de votre réponse du 26 novembre dernier à mon courrier du 23, accompagné de ma lettre du 18 septembre 2008 à Nicolas Sarkozy, je vous avais notamment écrit ce qui suit, le 15 décembre, soit peu de temps après un communiqué annonçant votre intention de déposer une proposition de loi en faveur de l'euthanasie :

" En conclusion, soyez assuré que je souhaite très vivement la réussite totale et définitive de votre projet, et je vais même au-delà. En effet, au vu de vos toutes dernières prises de position et intentions montrant que le sectarisme n'est pas votre caractéristique première, je pense que les socialistes ne pourraient pas présenter un meilleur candidat à l'élection présidentielle de 2012, avec en outre l'atout de votre jeunesse - à condition, néanmoins, que votre action pédagogique soit suffisante, d'ici-là, pour contrecarrer la malveillance de vos concurrents et la malignité des médias, dont vous payez aujourd'hui le prix dans les baromètres hebdomadaires d'opinion ! "

Toutefois, comme vous n'aviez pas encore exprimé publiquement votre intention de poser votre candidature pour le prochain scrutin présidentiel, je n'avais pas jugé utile d'entrer plus avant dans vos propos pour les analyser à la lumière de LA Vérité, précisément. J'avais seulement pris bonne note de votre décision de déposer une proposition de loi en faveur de l'euthanasie active, ou plus pudiquement dit : " pour
encadrer l'aide active à mourir ", tant la subtilité du langage politicien entend ne jamais choquer l'opinion de quiconque, de peur de perdre un électeur potentiel pour la moindre broutille - d'où l'habituelle " langue de bois ", justement reprochée par des citoyens s'accommodant fort bien, par ailleurs, du " tout et son contraire " des responsables politiques, mais beaucoup moins bien de LA Vérité.


Or, aujourd'hui, votre déclaration de candidature à la prochaine élection présidentielle étant publique, je me dois d'examiner en profondeur l'essentiel des propos de votre lettre du 23 novembre dernier pour les confronter à l'exigence de Vérité, dont parlait précisément Albert Camus. Vous écriviez dans ce courrier :

" Vous soulignez également, dans votre courrier, la nécessité pour le Parti socialiste de renoncer à "
ses dogmes ", " ses mensonges" et " sa croyance au miracle ". Je peux vous assurer que je partage, pour une bonne part, cette exigence.

Je pense en effet que le Parti socialiste doit s'astreindre, en permanence, à l'obligation de vérité pour retrouver 1a confiance des Français. Érodée par trop de promesses non tenues et trop de propositions peu plausibles, notre crédibilité est aujourd'hui trop faible pour convaincre nos concitoyens de la justesse de nos luttes. Ce déficit de crédibilité est aggravé, reconnaissons le, par
la déconsidération générale dont souffre l'engagement politique.

Nous vivons dans une époque marquée par un profond scepticisme. L'échec de toutes les tentatives prométhéennes a brouillé le sens de l'Histoire et abîmé l'idée même de Progrès L'obscurcissement de notre horizon laisse les hommes seuls dans un univers désenchanté. Nul n'attend plus - hormis quelques aveugles - qu'une avant-garde éclairée ne découvre le chemin du bonheur universel. La défiance envers l'action collective atteint une telle proportion qu'elle menace parfois les fondements de notre pacte social.

Pour surmonter ce désarroi et ranimer l'espérance, il n'est d'autre choix que ceux du courage et de la lucidité. Le P S doit désormais, en toute circonstance, être inspiré par une " éthique de la responsabilité ". Il ne peut plus garder pour seuls viatiques des certitudes idéologiques qui sont, en réalité, autant d'œillères. C'est en se confrontant à la réalité et non en cultivant des illusions qu'il retrouvera des marges pour l'action. Car, comme l'expliquait déjà Albert Camus, " aussi longtemps que [...] la vérité sera acceptée pour ce qu'elle est et telle qu'elle est, il y aura place pour l'espoir ".

Ce devoir de vérité suppose que le PS refuse - une fois pour toute - de subir la pression de l'extrême gauche. Trop souvent honteux de nous-mêmes, trop facilement complexés par la radicalité verbale, nous sommes taraudés par la mauvaise conscience et la crainte que le compromis dégénère en compromission. Et nous oublions ainsi que nous sommes à l'origine de toutes les principales conquêtes sociales ! Redevenons fiers de notre passé pour rester confiants en notre avenir ! De tout temps, les chimères de l'extrême gauche n'ont conduit qu'à des voies sans issue.

Le PS doit préférer les chemins plus humbles et plus féconds de " l'optimisme du possible ". Basé sur une exigence fondamentale d'honnêteté intellectuelle, l' " optimisme du possible " consiste à expliquer les contraintes qui pèsent sur l'action publique tout en dégageant des perspectives de changement. Il préfère miser sur l'intelligence que sur les passions collectives. C'est le pari que faisait - en son temps - Pierre Mendès-France. C'est ce pari que nous voulons faire aujourd'hui : croire suffisamment en la démocratie pour voir dans la politique une pédagogie.

Je continuerai donc, inlassablement, de militer en faveur d'un profond renouvellement de notre parti. Il est indispensable qu'il devienne plus représentatif de la diversité de la société française en s'ouvrant à tous ces jeunes des milieux populaires qui ont voté massivement pour Ségolène Royal en 2007. Il est également essentiel qu'il mette en cohérence toutes les idées neuves défendues lors de la campagne présidentielle. Notre ambition est de redonner courage à la gauche en montrant que le choix de nouveaux moyens n'entame en rien notre objectif historique: garantir à chaque individu les conditions de son émancipation, quelque soit son origine sociale.

Pour conduire cette tâche à son terme, nous aurons besoin des compétences et des énergies de tous ceux qui aiment et veulent faire gagner la gauche. "

Ma première remarque est pour redire que j'abonde totalement dans votre sens pour ce qui est de l' " exigence de vérité ", et d'autant plus qu'elle est renforcée par cet autre mot de Camus : " Une seule chose au monde me paraît plus grande que la justice : c'est sinon la vérité elle-même, du moins l'effort vers la vérité. Nous n'avons pas besoin d'espoir, nous avons seulement besoin de vérité. ", ainsi qu'accessoirement par ce tout récent propos de Jack Lang : " La politique, la vraie, doit dire la vérité. " [ France 2, 11 juillet 2009, émission " L'habit ne fait pas Lemoine "]

Pourtant, en dépit des bonnes intentions affichées, c'est peu de dire que le monde est loin de compte en matière de Vérité, et même à des années-lumière, tant sur le plan de l'idéologie en général, la théorie, que dans le domaine politique en particulier, la pratique, comme permet d'en juger cet autre mot de Camus : " La souffrance et la révolte s'éteindront avec le dernier homme ". En effet, ce propos réaliste aurait dû amplement suffire à lui seul pour mettre fin, depuis bien longtemps et définitivement, à toutes les " croyances au miracle " du monde, dont la toute dernière est précisément illustrée par le slogan électoraliste du nouveau messie planétaire, Barack Obama en l'occurrence.

Son " Yes, we can " n'est en effet qu'une resucée de notre bonne vieille " méthode Coué " à la française, et il le demeurera pour autant de fois qu'il sera rabâché - sauf à vous-même ou à , évidemment de démontrer qu'il suffirait à Barack Obama de vouloir pour pouvoir, en attendant que le devenir du monde ne se charge d'établir le contraire durant le reste de son mandat, ainsi qu'il a déjà commencé à le faire en Iran par exemple, et le fera également sur le continent africain où la fin des potentats, entre autres fléaux, n'est pas pour demain ! Dire des vérités est une chose, dire LA Vérité en est une autre ! ! !

Ainsi, si je distingue clairement le sermon d'Obama, à l'adresse des dictateurs africains, du pitoyable " pardon " de Ségolène Royal à l'Afrique, mettant tous les torts à la charge exclusive de l'Occident en général, et de la France en particulier, le président américain, profitant de sa couleur de peau, a-t-il néanmoins pu dire aux Africains des vérités que le " politiquement correct " d'ici aurait publiquement interdites à jamais - vous avez dit " hypocrisie " ou " manipulation de LA Vérité " ? !

Cependant, son slogan, " Yes, we can ", même transformé en " Yes, can ", était tout sauf l'expression de LA Vérité, puisque le devenir du monde, comme déjà souligné maintes fois, ne dépend nullement de notre volonté soi-disant libre, mais de ce que Spinoza nomme la " nécessité ". Assurément, cette croyance superstitieuse en un illusoire " libre arbitre " joue, aujourd'hui, un très grand rôle dans la société française, voire mondiale, notamment en matière de moralisme, et ceci suffit à établir la " débilité intellectuelle " de l'époque, au vu des infinies contradictions entre les principes, la théorie, et leurs concrétisations, la pratique.

C'est particulièrement le cas en matière de liberté et d'égalité, dont tous nous rebattent sans cesse les oreilles en évoquant le catéchisme soi-disant universel contemporain, ou Déclaration universelle des droits de l'homme de 1948, dont seule l'inobservation est réellement universelle, puisque même son adoption fut à peine le fait de quarante-huit Etats sur les deux cents environ que compte aujourd'hui la planète. Néanmoins, faute de servir à parvenir à la liberté et à l' égalité absolue, ou idéale, ce catéchisme est très précieux pour les censeurs de l'époque, qui l'utilisent surtout pour faire culpabiliser les Autres, fut-ce au nom d'un passé révolu de plusieurs décennies, voire de plusieurs siècles - comme s'il y avait sur Terre des individus et des groupes d'individus réellement " irréprochables ", donc théoriquement légitimés à donner des leçons de morale à leurs contemporains !

Toutefois, ce catéchisme prétendument universel s'avère assurément très juteux, ici, pour toutes sortes de groupes communautaristes et d'associations moralisatrices à sens unique, par ailleurs pas plus irréprochables que ceux qu'ils condamnent, mais sans oublier pour autant les " politiques " qui ont aussi leurs spécialistes en leçons de morale à visée électoraliste, ou autre. Il n'en témoigne pas moins de la " débilité intellectuelle " d'une époque, où la superstition moraliste juge et condamne moralement les Autres en s'appuyant uniquement sur des fictions, donc sur des mensonges, comme déjà amplement établi par ailleurs, au point que perdure, depuis le début des années 80, un chantage moralisateur qui fait trembler la République, comme en attestent les émeutes de novembre 2005.

A ce propos, jusqu'à quand la classe politique en général, et la gauche en particulier, précisément épinglée par Jacques Vergès pour son moralisme superstitieux, vont-elles laisser donner des leçons de morale à la République sur les droits de l'homme, sur la liberté et l'égalité notamment, par des individus, ou des groupes d'individus, originaires de contrées où les droits de l'homme sont bafoués sans vergogne, tant en matière de liberté, faute d'Etats véritablement démocratiques, que d'égalité, ainsi que suffit à l'établir le statut inégalitaire de la femme en terre d'islam en général, et sur le continent africain en particulier ? Sans compter, évidemment, que ces nouveaux donneurs de leçons de morale à la France ne sont pas plus irréprochables que , à commencer par , ce qui suffit à les disqualifier dans leur rôle de censeurs !

Et même leur l'accusation très juteuse d' " islamophobie " me sert à illustrer le " gouffre " qui sépare les condamnations moralisatrices de LA Vérité, dont les censeurs ont peur de débattre sur le fond, car, au bout du compte, ils devraient reconnaître la religion ( toutes les religions sans exception, monothéistes ou non) pour ce qu'elle est réellement, à savoir une atteinte à LA Vérité éternelle absolue, ainsi que brièvement évoqué dans ma lettre du 18 septembre dernier à Nicolas Sarkozy, et tel qu'étayé philosophiquement dans mon courrier du 11 avril 2009 à France Culture - sauf à , évidemment, à commencer par nos soi-disant philosophes contemporains faiseurs d'opinion, de démontrer more geometrico une quelconque faille dans l'argumentation méthodique de la première partie de l' Éthique sur le Dieu, ou substance, de Spinoza !

Or, le " politiquement correct " préfère ne pas parler de ce qui fâche, autrement dit de ce qui contrarie des intérêts individuels ou collectifs égoïstes de toutes sortes Et ce, aujourd'hui comme aux pires époques obscurantistes où de grands diseurs universels de LA Vérité payèrent, de leur vie ou de leur bannissement, le prix de leur " Amour intellectuel de Dieu ", qui n'est rien d'autre que l'amour de LA Vérité absolue. Et ainsi la conspiration du silence, illustrée par les soi-disant " élites " dénoncées dans le document annexé, Mensonges et lâcheté des élites - précisément, en raison de leur refus de débattre sur le fond ! - peut-elle continuer à dissimuler superstitieusement, mensongèrement, LA Vérité !

DUR, DUR, pourtant, en raison de la " nécessité " spinoziste, de faire coller la réalité du monde avec l' exigence de Vérité, puisque ceci demanderait de renoncer à vendre du rêve, de l'illusion, toutes ces belles promesses de liberté ou d'égalité absolue, ou idéale, étant sempiternellement renvoyées à DEMAIN, toujours DEMAIN et seulement DEMAIN, à la saint Glinglin - sauf encore à vous-même ou à , évidemment, d'établir le contraire en m'indiquant les moyens concrets de transposer l'Idéal dans le quotidien, autrement dit d'éradiquer, de manière universelle et définitive, les maux éternels de l'humanité, et d'instaurer, tout aussi définitivement et universellement : liberté idéale, égalité absolue, démocratie parfaite et paix éternelle, entre autre. C'est tout autre chose que de parvenir au strict respect du Droit dans tous ses domaines, face à quoi, pourtant, les gouvernants s'avèrent désarmés, et le seront toujours - hormis démonstration contraire, évidemment ! Vous avez dit " monde parfait ", " ordre juste " et autres fariboles d' autre monde, de monde nouveau, etc., etc. ? !

Faute de parvenir aux fallacieuses promesses d' Idéal, ainsi que les siècles et les millénaires à venir ne manqueront pas de le confirmer, le monde continuera donc à fonctionner - jusqu'à la fin des temps ! - sur des croyances superstitieuses, qui, comme il en va de tous les modes d'expression du penser superstitieux, reposent uniquement sur " l'absolutisation du relatif ". Ce procédé intellectuellement malhonnête, qui confond l'absolu et le relatif, consiste à prendre, et à faire passer, pour absolu, pour réalité ou Vérité absolue, le contenu seulement " relatif " pensé dans et sur (à propos de) notre monde, à commencer par toutes les vérités relatives servant à conforter des intérêts de toutes sortes, électoraux, financiers, communautaristes, etc. - sauf, évidemment, à n'importe laquelle des prétendues " élites " dénoncées de démontrer le contraire, sans quoi elles continueront à colporter les mensonges et les " croyances au miracle " du monde, donc à et à l'opinion !

Je me suis pourtant très souvent, et très amplement expliqué nommément sur LA Vérité éternelle absolue, dans des centaines de lettres adressées à des dizaines de destinataires médiatisés, preuves matérielles à l'appui, pour montrer en quoi elle consiste, à savoir son Unicité et l'absence totale de contradictions ou d'incohérence, notamment, et pourquoi elle ne fait pas partie, et ne fera jamais partie, du monde de notre entendement pratique : cette faculté de notre pensée, qui nous sert à vivre et à nous orienter parmi les choses de notre univers - mais pas à philosopher !

Ainsi nous ne pouvons pas penser l' Absolu au moyen de notre appareillage sensoriel, et pas davantage avec notre penser des abstractions, ou ratio spinoziste, ni par conséquent dire LA Vérité absolue, puisque, dans notre monde de l'entendement pratique, est relatif et n'est absolu, à commencer par nos soi-disant vérités forcément toujours jusqu'à la fin des temps - y compris celles de la Science !

C'est pourquoi je dénonce aussi le i scientisme contemporain, à savoir la science devenue superstitieuse dans l'" absolutisation " fictive de ses hypothèses et de ses théories seulement relatives, mais qui a réussi à faire croire à la planète entière que, dans un monde où est en perpétuel mouvement, et donc en ncessante transformation, les humains seraient capables de " stabiliser " quoi que ce soit - et notamment d'établir un " climat sur mesure " pour l'éternité ! Mais nous en reparlerons, le jour où Nicolas Sarkozy, Jean-Louis Borloo, Nathalie Kosciusko-Morizet, Nicolas Hulot et Daniel Cohn-Bendit, entre autres, auront démontré la fausseté de ma certitude, c'est-à dire DEMAIN, toujours DEMAIN et seulement DEMAIN. D'ici-là, le monde continuera, dans sa folie douce, à " croire au miracle ", et donc à faire la risée de nos plus ou moins lointains descendants, qui auront tout loisir de juger sur pièce que leur climat est toujours aussi changeant, et leurs choses encore en perpétuel mouvement !

Si je n'ai pas mentionné Claude Allègre, pourtant grand pourfendeur de cette foutaise contemporaine, au point de déclarer publiquement : " La vérité officielle scientifique, ça n'existe pas ! ", c'est parce que j'attends toujours sa réfutation, scientifiquement étayée, à ma lettre du 25 décembre 2008 évoquant cet argument suprême jamais souligné nulle part.

Mais le monde ne s'en agite pas moins sur cette chimère scientiste, cette " concrète utopie ", comme disait l'autre à propos de la solution du problème de la faim dans le monde - DEMAIN, toujours DEMAIN et seulement DEMAIN ! -, alors que cette question sera d'autant moins résolue avec l'arrivée annoncée de deux milliards et demi d'humains supplémentaires dans les cinquante années à venir - vous avez dit " débilité intellectuelle " ? ! Je vous laisse juge : le monde n'arrive pas à faire manger, à leur faim, les six milliards et quelques centaines de millions d'humains d'aujourd'hui, mais , n'en doutez pas, il parviendra à en nourrir neuf milliards !

L' " absolutisation du relatif " conduit également à une manifeste, lorsque certains s'autorisent, encore aujourd'hui comme aux pires époques obscurantistes, à juger et à condamner moralement les Autres au nom d'un Bien et d'un Mal prétendument, fictivement, mensongèrement, absolus, en décrétant, unilatéralement, ce qu'il est absolument bien ou mal, moralement parlant, de penser et de dire, mais sans jamais se soucier de LA Vérité, c'est-à-dire sans chercher à savoir ce qui est absolument vrai ou faux, philosophiquement parlant - d'où le chantage moralisateur rendu ainsi possible !

Et de la sorte, peuvent perdurer, au fil des millénaires, des contrevérités manifestes, comme il en va de la fable des bons et des mauvais sur laquelle continue de fonctionner la société humaine universelle, alors qu'elle fut pourtant dénoncée dans une parabole devenue fameuse, voici bientôt deux mille ans, par l'un des grands diseurs universels de LA Vérité absolue, même si la foule superstitieuse a perverti sa Parole pour en faire le fondateur d'une religion qu'il n'a pas voulu créer - mais c'est un autre débat visant à invalider aussi la superstition religieuse sur fondement véritablement philosophique !

Comme je maintiens, contre vents et marées, que rien n'est absolu dans notre monde, du moins jusqu'à démonstration contraire, par quel miracle le catéchisme prétendument universel serait-il l'expression de LA Vérité absolue davantage que n'importe quel autre mode d'emploi moralisateur religieux ou i déologique ?. En conséquence, le monde continue à mentir en fonctionnant sur des bases superstitieuses, mais vous aurez sûrement mesuré à la lumière de ce qui précède, et sauf argumentation contraire intellectuellement et philosophiquement étayée, que l'idéologie et la politique, entre autre, ne pourront dire la vérité, LA Vérité absolue, au-delà même des innombrables mensonges partisans et des infinies contradictions de la réalité quotidienne, où le " deux poids, deux mesures " reste la règle intangible.

Vous l'avez, d'ailleurs, déjà si exactement mesuré que le premier paragraphe de votre lettre du 23 novembre dernier témoigne de votre lucidité et de votre courage intellectuel pour reconnaître l' inanité des dogmes et des " croyances au miracle " idéologiques, y compris de votre propre parti. Hélas, le plus dur reste à faire pour vous, à savoir le dire publiquement pour en convaincre l'opinion, et d'abord ceux de votre camp, à commencer par l'intelligentsia de gauche tout aussi crédule que le premier " croyant au miracle " venu, en dépit d'une réputation philosophique affirmée - mais, plus usurpée qu'avérée !

Et ce n'est pas non plus le tout récent ultimatum de Martine Aubry vous demandant fermement de suivre la ligne de la direction ou de quitter le Parti socialiste qui fait avancer LA Vérité ! En effet, je tiens à votre disposition ma lettre du 4 octobre 2002 adressée à l'actuelle Première secrétaire, suite à son article " Retrouver la gauche " publié dans le n°1977 du nouvel Observateur. Plus de six ans après, la gauche en général, et le Parti socialiste en particulier, en sont encore à parler de retrouver, de refonder, de reconstruire, etc., tandis que sœur Anne attend toujours et ne voit rien venir en matière de projet commun unificateur - et pour cause !

En effet, de même que la quasi-totalité des humains mélange l' absolu et le relatif, elle confond aussi ses conceptions personnelles idéalisées, mais seulement relatives, avec l'Idéal, ou Absolu, pourtant à jamais inconnaissable " en soi ", et c'est pourquoi nous n'en avons, et n'en aurons jamais, que de pâles reflets, à titre individuel ou collectif - en conséquence, pas de quoi, à jamais, faire l'unanimité sur ce qui est réellement idéal ! Aussi, jusqu'à preuve du contraire, plus de deux ans après l'élection présidentielle, heureusement qu'il y a Sarkozy pour aider la gauche à se retrouver, c'est-à-dire seulement à retrouver une unité de façade - alors, LA Vérité, vous pensez, chacun la sienne, et forcément lorsqu'il y a plusieurs vérités se faisant face, d'elles ne peut être LA Vérité absolue !

En conclusion, après ce long exposé dont j'attends vos critiques argumentées, il n'est pas illégitime de se poser la question de savoir si la politique et les " politiques " peuvent dire La Vérité éternelle absolue, à quoi j'ai déjà répondu, maintes fois, par avance sans l'établir spécifiquement ici. Pour parler concrètement, l'exigence de Vérité conduirait, à renoncer aux fallacieuses promesses de changer le monde dans l'espoir de le rendre idéal ; d'abord, parce que c'est une " impossibilité absolue ", sauf à changer au préalable la nature égoïste de l'être humain, et ensuite parce que notre monde changeant continuellement sans nous demander notre avis, tout éventuel éphémère " ordre juste ou idéal ", à peine établi, serait aussitôt emporté dans la ronde universelle et perpétuelle de notre univers.

Toutefois, le bénéfice pour le premier responsable politique qui oserait dire publiquement LA Vérité, quitte à désespérer Billancourt sans ranimer l'espérance naïve, serait de contraindre les autres - et notamment les prêcheurs de révolution -, soit à acquiescer, soit à démontrer le contraire. Néanmoins, mes lettres, toujours sans réponse, des 2 septembre 2005 et 23 novembre 2007 à Olivier Besancenot, ainsi que celles des 12 juin 2003 et 20 juillet 2007 à Bernard Thibault, courroie de transmission de la pensée révolutionnaire, témoignent qu'ils en sont bien incapables, même si leur silence et leur refus de débattre sur le fond ne les empêchent pas pour autant de promettre de décrocher la lune - voire le soleil !

Il ne faut donc pas vous étonner de " la déconsidération générale dont souffre l'engagement politique " , car les citoyens sont lassés, à juste titre, des sempiternelles promesses sans lendemain, d'égalité notamment, et on peut les comprendre aussi longtemps que personne ne leur dit LA Vérité. En effet, outre que les humains sont portés par nature davantage à " croire " qu'à penser " vraiment ", à réfléchir tout simplement, pour parodier une humoriste bien connue, de surcroît, " On ne leur dit pas tout ! " C'est pourquoi je ne saurais cautionner votre propos " garantissant à chaque individu les conditions de son émancipation, quelque soit son origine sociale " - c'est de la langue de bois qu'on leur sert depuis des siècles, voire des millénaires, et à laquelle ils ne goûtent jamais !

Dire LA Vérité aurait aussi le grand mérite de remettre à leur juste place tous ces donneurs de leçons de morale, ces censeurs autoproclamés, ces auto-fondateurs d'associations moralisatrices à sens unique largement subventionnées par les deniers publics, dénoncés également dans le texte, Mensonges et lâcheté des élites, en raison de leur refus de débattre - fut-ce en présence d'une signification par huissier ! Ainsi peuvent-ils également prospérer, depuis le début des années 80, sur les fictions du moralisme, alors que leurs constantes condamnations moralisatrices au nom d'un passé révolu sont loin de contribuer au vivre ensemble - et d'autant moins pour ceux qui ont vu arriver d'autres vagues d'immigration qui n'exigeaient pas des postes pour s'intégrer à la République : elles s'efforçaient seulement de les mériter !

C'est le cas encore aujourd'hui pour les membres de la communauté asiatique, qui subirent aussi la colonisation, mais ne cherchent pas pour autant à l'instrumentaliser en faisant culpabiliser la France et les Français qui n'en peuvent mais. C'est pourquoi, d'ailleurs, je ne saurais cautionner davantage votre propos déclarant au sujet du Parti socialiste : " Il est indispensable qu'il devienne plus représentatif de la diversité de la société française en s'ouvrant à tous ces jeunes des milieux populaires qui ont voté massivement pour Ségolène Royal en 2007. ", visant à promouvoir " artificiellement " la diversité pour la remercier de son militantisme électoral, car, assurément, personne ne contestera qu'elle fournit les gros bataillons de la gauche ! ! !

L'état de la société française d'aujourd'hui résulte des " croyances au miracle " et de la lâcheté des élites influentes de l'ère Mitterrand, plus intéressées par leurs prébendes que par LA Vérité. Elles ont renoncé, en effet, à l' " intégration à la française ", qui avait pourtant largement fait ses preuves jusque-là, tout en sachant pourtant que la multiracialité et la multi-culturalité, naturelles ou subies, " ça " ne fonctionne pas, ainsi que l'Espagne médiévale en avait fourni la preuve depuis longtemps, tout comme le Rwanda, le Kenya, le Soudan, la Côte d'Ivoire et le Congo, entre autres, le manifestent aujourd'hui au quotidien, sans oublier le Proche et le Moyen-Orient, entre autres. Certes, il n'est interdit à personne de rêver, mais LA Vérité se nourrit de démonstrations - pas de " croyances au miracle " !

La Vérité éternelle absolue, publiquement exprimée, aurait sûrement aussi pour résultat de changer des comportements sectaires mis au grand jour, qui consistent à prendre systématiquement le contrepied des opinions et des propositions du camp opposé. Là aussi je pourrais citer les noms de vos meilleurs spécialistes en la matière, mais ils savent déjà ce que je pense de leur monde où une quelconque chose humaine, comme il en fut de la période coloniale à propos de l'amendement Kert en 2004, pourrait comporter " exclusivement " du contre, du négatif, des inconvénients, alors que dans notre monde présente, à la fois, du pour, du positif, des avantages, et du contre, du négatif, des inconvénients, dont jugent seulement les intérêts égoïstes individuels et collectifs des uns et des autres - sauf à , évidemment, de démontrer le contraire !

Hélas, la politique atteste donc au quotidien qu'elle ne peut éviter de s'éloigner, à tout instant, de LA Vérité, comme il ressort de l'analyse en profondeur de votre courrier, malgré votre bonne intention générale contraire. Même si je reconnais à leur juste valeur vos propos parlant d' " optimisme du possible ", d' " " éthique de la responsabilité ", de " confrontation à la réalité ", d' " abandon des illusions et des certitudes idéologiques " et de " pédagogie des contraintes ", cela se complique dès que l'on entre dans les détails d'application, car vous ne pouvez manquer d'en appeler aussi à l'espérance. Or, en pratique, comment " ranimer l'espérance en misant sur l'intelligence plutôt que sur les passions collectives ", selon votre expression, alors que nous, les humains sans aucune exception, sommes mus avant tout par l' égoïsme inné de notre nature, lequel demande toujours plus ou mieux dans nos affaires d'amour, d'argent et de gloire ou honneur-vanité, d' ego tout simplement ?

C'est pourquoi dire LA Vérité ne doit pas consister, tout particulièrement en politique, à faire de fallacieuses promesses visant d'abord, que l'on l'avoue ou non, à satisfaire son égoïsme d'une manière ou d'une autre, ni à user de stratégie terminant en alliances hétéroclites de circonstance, telles qu'y prête, de manière ubuesque, l'indépendance du MoDem volant au secours de la gauche lors de multiples élections locales, en attendant l'élection nationale de 2012, où ses voix seront mises aux enchères, puisque déjà très convoitées aujourd'hui - quand on connaît le parcours de François Bayrou, c'est à pleurer de rire sur la politique !

Pour terminer, comme je n'avance pas ici l'intégralité de mon argumentation antérieure, puisque vous disposez encore, en principe, de ma lettre du 18 septembre 2008 à Nicolas Sarkozy, afin de vous permettre de juger sur le fond la pertinence, ou non, de mes propos, je vous invite à lire mes lettres du 20 janvier dernier à Jean-Louis Borloo, du 13 mai à France Culture et du 1 er juillet à Daniel Cohn-Bendit, ainsi que le texte récemment modifié, Mensonges et lâcheté des élites.

Et vous aurez bien besoin pour cela des presque trois années qui vous restent, tant il s'agit, pour le coup, d'un véritable " big-bang " intellectuel et philosophique, auquel le monde n'est pas préparé : la Vérité éternelle absolue deviendrait enfin, après des millénaires, le seul étalon de toutes les vérités relatives terrestres, fussent-elles fictivement érigées en absolu, ou superstitieusement élevées à l' Idéal . Sa Parole, toutefois, n'a rien à voir avec celle des religions, monothéistes ou non, et de la métaphysique idéaliste de Descartes ou de Kant - entre autres " philosopheurs " !


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