Je crois que c'est Emeraude qui, la première, a attiré mon attention sur ce livre de Nicole Krauss. Tant d'enthousiasme ne pouvait laisser indifférent. Et puis j'ai reculé. Pourquoi ? Le titre. Idiot, je sais. Quand on prend la peine de dépasser les a priori, on trouve effectivement un fort beau roman.
Léon Gursky, un vieil homme à New York, fait tout pour se faire remarquer. Cherche-t-il à distraire la mort ou à se distraire de cette peur ? Rescapé de l'Europe nazie, polonais ayant réussi à rejoindre l'Amérique, sa vie lui apparaît comme un miracle malgré ses manques. Parmi les absents : la femme de sa vie qui en a épousé un autre, le fils de cette femme qui est aussi le sien et qu'il ne connaît pas, Bruno ce voisin omniprésent. Alors pour se faire entendre, pour combler ces vides, il écrit. Il écrit à Isaac, ce fils romancier.
Dans la même ville, Alma a perdu son père. Ce décès laisse un vide immense dans le coeur de sa mère, dans le sien et dans celui de Bird, son petit frère. La première retrouve le courage de vivre dans ses travaux de traductrice. Alma se documente sur les façons de survivre, cherche des amis et tente de faire battre le coeur de sa mère. Bird est un élu et se comporte comme tel.
Et, personnage "présent absent" que l'on perçoit moins, Litvinoff, surgit de temps en temps. C'est l'auteur de l'histoire de l'amour, roman qui fait le lien entre les personnages et dont les extraits apparaissent au cours de la lecture.
Tous ces personnages sont liés par leurs origines (juives et polonaises), par leur destin tragique (mort rodant à proximité), par un livre et par le courage de dépasser la mort, de lui faire la nique et de continuer à espérer, à aimer. Les narrations s'entrecroisent et dessinent une trame un peu complexe, un fil à suivre et à dénouer.
Un roman à dévorer de toute urgence !