Collé sur les voitures des natifs de l’émirat, on voit se multiplier dans les rues d’Abou Dhabi (Abou Dabi) le visage souriant de Hamdoon (حمدون), le nouveau héros créé par Abdullah Mohammad Al-Sharhan (عبدالله محمد الشرهان), un dessinateur émirien de 28 ans, désormais à la tête d’un projet ambitieux.
Le nom du personnage ne doit rien au hasard : Hamdoon est en effet le diminutif affectueux de Hamdane, un prénom très local. Le mot évoque également, comme l’explique cet article du Hayat, la manière propre aux Emiriens de nouer au sommet de leur tête la tarha locale (si possible en voile de coton importé du Japon, c’est le must !)
Les lecteurs fidèles de ces chroniques ne s’étonneront pas de constater que les Emiriens n’hésitent pas à regarder ailleurs qu’en Méditerranée et que la société Socoool, montée autour de ce projet, a passé contrat avec des studios d’animation coréens. Et ils se souviendront également de précédents billets où l’on a pu évoquer, à l’occasion de concours poétiques, les traditionnelles rivalités entre les Emirats et les autres pays de la région, mais plus encore celles qui opposent Abu Dhabi, la capitale politique, à Dubaï, la capitale économique.
Avec Hamdoon, on constate que la concurrence locale, présente déjà dans le domaine de l’art et des grands projets culturels, se joue désormais sur un autre registre, celui des dessins animés. Le lancement du petit garçonnet fait en effet fortement penser à celui de Ajaaj, un personnage de bande-dessinée cette fois (mais il y a également des épisodes en dessins animés), lancé durant l’été 2007, dans l’émirat de Dubaï. Un projet qui, lui aussi, avait bénéficié de l’aide d’une institution officielle afin de faire la promotion, auprès de la jeunesse, de l’identité locale…
Comme le signalait cet article publié dans Al-Akhbarà l’occasion du dernier ramadan (traduction en anglais sur le site Menassat), l’heure est aux dessins animés qui ne sont plus réservés aux seuls enfants mais qui touchent l’ensemble de la cellule familiale, voire même un public adulte.
Les Egyptiens avaient ouvert la voie il y a quelques années avec Super Henedi, une série inspirée par un acteur à la mode que la télévision nationale. Mais ils ont eu la mauvaise idée de ne pas programmer au meilleur moment de la soirée, ce qui avait provoqué l’agacement des producteurs très vite récupérés par Abu Dhabi TV.
Freej, un des grands succès du « festin d’images » lors du dernier ramadan, déroule sans doute ses épisodes autour de la thématique classique de l’identité, et de la confrontation entre tradition et modernité, entre local et global, mais la touche morale, assez inévitable dans ce genre de produits à consommation familiale et « ramadanesque », est assez décalée par le choix des personnages : quatre grand-mères craquantes (bien que dûment voilées), aux prises avec une Dubaï secouée par la modernité.
Aux antipodes du bien trop sage Hamdoon, le traitement graphique de Freej est assez révélateur d’une certaine audace de ton qui a valu à ses auteurs quelques soucis (article en anglais) lorsqu’ils ont abordé le thème de la religion, et l’hypocrisie de certaines pratiques, à l’occasion d’un de leurs épisodes.
A l’évidence, le dessin à destination de la jeunesse est, aux Emirats, un secteur qui se porte bien les messages, tout autant qu’il se porte bien.
Et pour finir, une petite vidéo de Freej…
Freej episode 1 الحلقة رقم فريج
envoyé par Kenonwes. - Regardez des web séries et des films.