Est-ce du théâtre ? La question peut sembler légitime ; il n’y a rien, à peine un terrain de sable, quelques vagues effets de lumière et de son. Socrate, rôle tenu par Manolis Michailides, se contente de brefs mouvements, d’un jeu de scène réduit au strict minimum…
Dis comme cela, on pourrait croire à une récitation au mieux, au pire à un raté théâtral. Bien au contraire ! La simplicité de l’ensemble renforce avec merveille le texte de Platon. Manolis Michailides, avec un sens de l’épure poussé au paroxysme et un sourire bienveillant qui éclaire son visage du début à la fin de la pièce nous embarque grâce aux sonorités ondulantes et musicales du Grec moderne vers un périple méditerranéen dans l’Athènes antique.
Pendant une heure, c’est à peine si les intonations de sa voix changent d’un décibel. Pourtant, pas une seule seconde on ne s’ennuie. Le moment est tout simplement magique. Le théâtre grec antique se prête à une cure de jouvence et, de la même façon que le propos ne semble pas avoir vieillit depuis près de vingt-quatre siècles, la sobriété initiale est de toute évidence toujours aussi percutante.
Vague ironie de Socrate affirmée par le sourire indéfectible de Michailides, douce ondulation de la langue étrangère qui invite le spectateur au voyage et à l’exotisme antique, l’ensemble de la pièce est un moment de bonheur pour le public.
On regrettera juste quelques imperfections dans le sous-titrage qui, sans venir gâcher la représentation, auraient néanmoins permis à la représentation d’atteindre la perfection si elles avaient été corrigées. Le moment demeure merveilleux malgré tout ; intime et délicieux.