J'ai lu cette semaine un excellent article dans Marianne sur la chirurgie esthétique et ses dérives. Il est vrai que certains résultats désastreux font peine à voir. Regardez le monstre boursouflé qu'est devenue la jolie Meg Ryan.
Mais finalement, cette vogue incroyable (croissance de 114% des opérations de chirurgie esthétique entre 1997 et 2007 et de 714% des interventions légères comme l'injection de Botox) ne résume t-elle pas toutes nos névroses ? On retrouve en effet certains thèmes récurrents :
- La volonté d'uniformisation : les opérations de chirurgie aboutissent à des résultats que l'on peut qualifier de similaires. Mêmes bouches canard wc (coin, coin), même pommettes remontées, mêmes traits tirés... On croise des femmes (et de plus en plus d'hommes) ayant le même visage, pantins produits à la chaîne et heureux d'être "comme les autres" d'être "dans la norme".
- Le culte de la forme (au détriment du fond) : changer son apparence n'est pas anodin et demande une certaine dose de courage. Mais l'époque favorise ce genre de transformation. Les qualités intellectuelles, le talent sont ignorés voire dénigrés. Il faut se montrer (on parle de people avant on parlait de stars), être attirant et peu importe ce que l'on dit. Le paraître a pris le pas sur l'être.
- La haine de soi : modifier son apparence c'est aussi refuser son identité, ses racines ou son âge. La tendance à l'auto-flagellation et à la repentance est un mal occidental. La chirurgie esthétique en est un avatar.
- L'argent roi, alpha et omega de toute chose : car toute ceci coûte de l'argent, beaucoup d'argent. La chirurgie esthétique devient un nouveau moyen de différenciation entre ceux qui ont les moyens et ceux qui n'en ont pas, entre ceux qui ont les bonnes adresses et les autres.
Malheureusement, tout ceci n'en est qu'à ses débuts. On verra de plus en plus dans les rues d'humanoïdes refaits, trop parfaits pour être honnêtes. Des êtres désincarnés, sans âme, sans personnalité.
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