Cependant, et peut-être cela vous arrive-t-il aussi, je me suis fait la réflexion que je ne pouvais pas arrêter mon point de vue sur aussi peu de matière, car l'œuvre de Lovecraft est assez importante, notamment et surtout à travers ses nouvelles.
L'écouter pouvait aussi donner une dimension supplémentaire à son univers, permettre de l'aborder sous un nouvel angle, l'appréhender d'une manière différente, à savoir devenir le dépositaire direct des révélations d'un homme ayant été confronté, sa majorité à peine acquise, aux pires abominations qu'on puisse imaginer.
Malheureusement, le livre sonore n'a pas contribué à l'appréciation de l'œuvre. Si les bouquins ont des coquilles, les pistes audios, elles, ont des couacs. Des couacs et des voix qui – j'hésite sur le mot, non seulement parce que le concept même des livres lus me paraît utile et intéressant à la fois, mais aussi parce que les éditions Sonobook ont pris le risque d'éditer des bouquins de science-fiction et de fantastique, entre autres, alors forcément ça m'embête de tirer sur l'ambulance – agacent. Outre les problèmes de changements de pistes, en plein milieu d'un monologue, rogné qui plus est, la voix du narrateur est on ne peut plus monocorde. Si monocorde que, suivant la musique des mots, on se retrouve avec des points en plein milieu de phrase, quand on aurait imaginé une virgule. Dommage quand on sait le narrateur littéralement vibrant et bouleversé par l'ambiance délétère régnant à Innsmouth. Mais lorsque l'émotion survient vraiment, lorsque l'horreur est à son comble, la voix du narrateur se contente d'accélérer le débit, troquant ainsi un ton monocorde, donc, pour un autre. Et les quelques incursions sonores (ressac de la mer – j'ai cru que mon lecteur vivait ses derniers instants dans un souffle crépitant – , râles mécaniques de monstres amphibiens), ne pourront rien changer à ma débâcle auditive et littéraire, car malgré tout ceci, mes impressions autour de Lovecraft sont restées les mêmes.
Serait-ce que les voies de Dagon et de Cthulu me soient à jamais impénétrables, nom d'un Necronomicon ?
Le Cauchemar d'Innsmouth / H.P. Lovecraft, Sonobook, 1cd mp3, 2 h 41 min.