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La BD a son musée

Par Magali Renard
Le musée de la bande dessinée d'Angoulême vu de la place des Chais MagelisLa façade des Chais et sa place publique © Magali Renard 2009
Il y a quelques jours mon collègue stagiaire Andy et moi-même visitions le flambant neuf Musée de la bande dessinée d’Angoulême. Il nous suffit pour nous rendre chez nos voisins et confrères de traverser la Charente en empruntant la passerelle dite « Magélis », qui porte le nom du Syndicat Mixte du Pôle Image d’Angoulême. Pour rappel, ce dernier est à l’origine de la politique d’acquisition de plusieurs bâtiments désaffectés dans les quartiers post-industriels de Saint-Cybard et de l’Houmeau et a coordonné le projet de reconversion des anciens chais d’eau de vie en bordure du fleuve, construits en 1857 pour les frères Léger, négociants. Avec le développement de l’industrie du papier dans ce quartier à partir des années 1830, le site fut occupé par l’usine de feutres pour papeterie Weiller (1908-1965), devenu ensuite COPFA (Compagnie Français de Feutres pour Papeteries et de Tissus Industriels) (1966-1995). Mais ce qu’on ne dit pas, c’est que « les chais Magélis » (la griffe Magélis est partout), si beaux et si blancs, ont bien failli disparaître du paysage. Cachée derrière une épaisse couche de lierre et d’injures du temps, la façade si lisse aujourd’hui n’attirait pas les regards il y a une dizaine d’années. Mr Auzou, ABF à la retraite, que j’ai récemment eu la chance de rencontrer, m’a avoué avoir été de ceux qui se sont doutés de l’intérêt architectural de cette longue façade horizontale. Promis à la destruction, il s’agit encore ici d’un vestige industriel pour lequel des « veilleurs » ont dû se battre. On a donc conservé cette belle façade en calcaire charentais et détruit les entrepôts en sheds à l’arrière. L’espace muséographique dédié à la BD n’occupe aujourd’hui que la moitié de l’ensemble du bâtiment, l’autre ayant été aménagée pour une Maison du Cinéma, les « Studios Paradis » qui n’ont pas encore pu être ouverts au public en raison de difficultés de gestion. Quoi qu’il en soit c’est un bien bel équipement dont est doté le Musée de la BD, pourvu d’une scénographie « sobre et élégante » (je crois que l’expression a été utilisée dans les supports de com’, spéciale dédicace à Mr Leguay !) et des derniers dispositifs de conservation préventive.
les espaces muséographiques du musée de la bande dessinée d'Angoulême
Le parcours muséographique © Cité Internationale de la Bande Dessinée et de L'image 2009
Les espaces sont très bien conçus, on s’y sent bien (quoique la dominante gris pâle est un peu triste à mon goût), la lumière zénithale a un côté très … zen, et le parti pris est de ne pas (trop) exploiter les clichés de la bande dessinée. Car le lieu se veut avant tout un espace d’évocation « sérieux » du 9ème art. Et le pari est plutôt réussi si on en juge la richesse de la première exposition qui nous ouvre ses portes, qui permet de bien replacer la bande dessinée dans son contexte historique, géographique, technique, et bien sûr, artistique. L’institution veut proposer à ses publics un rapport direct avec « l’expérience » de la bande dessinée, c’est pourquoi de nombreux espaces de lecture, agrémentés de longues banquettes en arabesques jalonnent le parcours. Seul regret : un certain manque d’ergonomie pour le jeune public, mais on ne peut pas tout avoir. Au Musée du papier, on espère ne pas trop souffrir de la comparaison... en attendant que notre projet se concrétise.

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