André Catroux est vigneron sur les hauteurs de Ternay en Loir-et-Cher depuis plus d'un demi-siècle. Pendant longtemps il a sauvé de la disparition le cépage méconnu qu'est l'Oberlin, pour notre plaisir. Pendant longtemps il a nommé toutes les forces de la nature, petites et grandes, en une conversation à la fois terrienne et mystique. Ses mains de vigneron font aujourd'hui le tour du monde sur un catalogue d'un illustre fournisseur de champagne. André Catroux n'en tire aucune gloire, à peine une pointe de fierté aussitôt combattue. La vraie vie est ailleurs, dans sa cave où nous avons mis avec mon frère plus de deux cents litres de Bourgueil en bouteille, dont l'excellent cru de Yannick Amirault. André Catroux, que ses intimes appellent Dédé, garde intacte son habileté et sa joie. J'avais du mal à suivre, surtout la dernière heure, mais j'ai retiré de cette expérience comme une leçon de philosophie. Sortir de mon cénacle de faiseurs de mots a défatigué mon esprit. Je ne cherche pas ici à idéaliser les travailleurs de la terre ni à ériger la vigne en allégorie de la vérité. Je veux seulement dire que j'ai apprécié la compagnie de cet homme capable de citer plus de cinq variétés de pommes de terre, et pareil pour les tomates ou autres légumes. Sa simplicité, même dans ses facéties qu'on pressent généreuses, a touché en moi un continent que j'ignore et que Thierry Metz connaissait : " L'évidence des choses à apprivoiser dans ce que nous sommes où que l'on se trouve". Merci Dédé. image de Ternay. site de Yannick Amirault : http://www.yannickamirault.fr