Auteur: Brunonia Barry
Titre en français : The lace reader
Éditeur : Calmann-Lévy
1ère édition : 2006
Nb de pages : 381
Lu : juillet 2009
Ma note: abandon
Résumé :
De tout temps, les femmes de la famille Whitney ont su lire l’avenir dans les motifs de dentelle. Un talent dont Towner se serait bien passé : à dix-sept ans, elle a eu une vision terrifiante et a été le témoin impuissant de sa réalisation… Depuis, elle s’est juré de ne plus jamais faire usage de son don et a fui sa famille et la ville de Salem, ses sorcières et ses fantômes. Pourtant, à la disparition de sa grand-tante Eva, Towner est obligée d’affronter ses peurs secrètes et retourne sur les lieux de son enfance. Mais sa quête de réponses va lui coûter très cher. Quelque part dans les volutes des motifs de dentelle, entre mensonges et révélations, se cache la vérité…
Mon avis
Sortilèges de dentelle, choisi et reçu avec X semaines de retard dans le cadre de Masse Critique, comporte tous les ingrédients d’un livre qu’on ne peut pas lâcher avant de l’avoir fini. Le cadre, la ville de Salem, ses sorcières, une famille oscillant entre la marginalité et l’excentricité, une narratrice psychologiquement compliquée en proie à des hallucinations, des deuils pas assumés, bref, ça promet !
Et pourtant, je me suis fait violence pour atteindre la moitié du livre. Aller plus loin dépasse mes capacités, et ce n’est pas faute d’avoir essayé. L’action ne décolle pas d’un chouïa, le style est froid, insipide, désagréable, je ne saurais pas dire exactement pourquoi, c’est peut-être dû à la traduction (ou pas), mais globalement, il y a quelque chose qui cloche assez pour en devenir rebutant. Traduire The lace reader (la liseuse de dentelle) par Sortilège de dentelle, ça dénote une certaine volonté de faire ressortir un côté mystico-ésotérique qui au sein du récit sonne plutôt creux, mais il faut bien appâter le client avec des grands mots. Je précise que sans l’histoire apparemment alléchante le titre ne m’aurait absolument pas titillée, bien au contraire. Ajoutons aussi l’expression « diseuse de dentelle« , qui revient souvent, et qui ne veut rien dire car si l’on peut dire l’avenir on ne peut pas « dire » la dentelle, mais peut-être la « lire ».
L’un dans l’autre, j’ai trouvé le récit vaguement intéressant et prometteur au début, puis très vite je me suis enlisée dans une histoire molle, racontée encore plus mollement par l’héroïne elle-même. Objectivement, tous les personnages sont intéressants, ils ont de la matière, un passif, mais je ne me suis attachée à aucun, je les trouve inintéressants, oui je sais je viens de dire le contraire, c’est bien ça le plus terrible, du potentiel et un traitement froid et distant qui gâche une atmosphère, un état d’esprit au sein d’une famille qui aurait dû être passionnante !
La cerise sur le gâteau, un découpage douteux, qui nous fait changer de point de vue subitement sans raison apparente, et de manière lourdingue, je pense que les chapitres qui ne sont pas racontés par Towner ont été les pires, les plus ennuyeux, les plus lents. La gué-guerre entre les « sorcières » et les Calvinistes a quelque chose de profondément anachronique, insolite, mal exploité, on se croirait au carnaval, on a du mal à y croire. Il y a une distance entre les personnages et le lecteur, je ne me sens pas curieuse de suivre plus longtemps des individus qui ont l’air absents, sans épaisseur. Une histoire de départ riche et intense, avec maladie mentale, hallucinations, et forcément une opposition entre réalité et délire, pour finalement aboutir sur truc navrant de banalité.
Je remercie néanmoins l’équipe de Babélio et notamment Guillaume pour l’organisation et le suivi de Masse Critique, qui n’est pas une mince affaire.