L’Inde est sur le point d’entamer les essais à
la mer, dans la baie du Bengale, de son premier sous-marin nucléaire d’attaque de fabrication locale, l’INS Arihant, longtemps connu sous son seul de code d’ATV (Advanced Technology
Vehicle).
Le baptême officiel du navire aura lieu le 26 juillet, et sera célébré par Gursharan Kaur, épouse du Premier ministre Manmohan Singh qui se trouvait le 14 juillet à la tribune officielle de la
place de la Concorde, aux côtés du président français Nicolas Sarkozy. C’est une noix de coco, et non une bouteille de champagne, qui s’écrasera contre la coque de
l’Arihant.
Ce premier sous-marin nucléaire d’attaque fait partie d’un projet de 3 milliards $ destiné à construire 5 sous-marins et constituer ce que l’Inde appelle une "triade" de capacité nucléaire air,
terre et mer. L’Inde développe dans le même temps le missile balistique K-15, qui peut être équipé de têtes nucléaires et être lancé depuis un sous-marin.
L'ATV est dérivé de la classe de sous-marins lanceurs de missiles de croisière soviétique Charlie II dont l’Inde a loué un exemplaire à la Russie de1988 à janvier1991. Le programme ATV doit compter à terme cinq sous-marins, et l’Arihant, tête de série, a été mis sur cale en 1998. Il ne sera
pas opérationnel avant 2012. Construit sous licence, ce modèle serait très proche du type Viktor-III, un sous-marin nucléaire d’attaque toujours en service dans la marine russe, auquel les
Indiens ont adapté leur propre réacteur de 100 MW, développé au centre de recherches atomiques de Kalpakkam. D’après la presse indienne, ce navire serait à terme en mesure d’emporter trois
missiles à têtes nucléaires, de 8,5 mètres de long et d’un mètre de diamètre présentés comme tirés en submersion à partir d’un tube de lancement vertical, et de 700 kilomètres de portée. Un essai
réussi de tir sous-marin aurait eu lieu le 26 février 2008.
La modernisation et la rénovation de la marine indienne sera un aspect important du budget de 50 milliards $ destiné à la modernisation de la défense. Selon le plan, les projets baptisés 75 et 76
prévoient la construction de 24 sous-marins (pour un montant de 20 milliards $) pour répondre aux défis dans l’océan Indien.
En 2007, la construction du très moderne sous-marin Scorpene a commencé aux chantiers Mazgon de Mumbai dans le cadre d’un contrat de 3,5 milliards $ pour 6 sous-marins de ce
type.
New Delhi est inquiet du renforcement des relations bilatérales de Pékin avec Islamabad, en particulier compte-tenu des récentes tensions sur des projets maritimes comme le port de Gwadar. La
Chine renforce aussi ses liens avec le Sri Lanka et le Myanmar pour renforcer son contrôle sur un conflit complexe liant la sécurité et l’énergie qui se déroule dans la
région.
Compte-tenu des chamailleries entre l’Inde et la Chine pour le contrôle de l’océan Indien, le
gouvernement de New Delhi a mis sous pression la marine pour renforcer la puissance maritime de l’Inde. La Chine a déjà parlé de créer 3 flottes pour patrouiller dans les régions du Japon et de
la Corée, le Pacifique Ouest, le détroit de Malacca et l’océan Indien.
Le projet ATV est sous les projecteurs puisque l’autre tentative de l’Inde pour se procurer un sous-marin nucléaire cette année a reçu un coup d’arrêt lorsque la Russie a retardé "indéfiniment"
la livraison du sous-marin nucléaire Nerpa de la classe Akula-II, citant des essais à la mer incomplets et un manque
d’argent.
Lorsque la marine indienne disposera d’un sous-marin nucléaire opérationnel, elle rejoindra un club très fermé comprenant les États-Unis, la Russie, la Grande-Bretagne, la France et la
Chine.