Neil Armstrong n’a pas flanché. Enfin si, un peu, comme on le verra plus loin, mais on s’en moque. En pareille situation, il faut avoir à la bouche la déclaration que tout le monde attend. Celle qui va rester dans l’Histoire. Qu’elle soit dite devant des millions de gens ou énoncée en petit comité, puis colportée à l’infini par les biographes de tout poil. On se presse autour du grand homme ou de la grande dame, on se pend à ses lèvres. Et les mots, n’importe lesquels, seront gravés dans le marbre. Réfléchissez bien, ça sera peut-être votre tour, un jour...
Heureusement, Armstrong était un pro surentraîné. Il a été grand. Il n'a pas dit «Ah ouais, quand même...!» comme le premier blaireau venu. Ni «Que du bonheur!», façon Nicolas Hulot. Et il fait comme il a senti en lançant le fameux «That's one small step for [a] man, one giant leap for mankind», qu’on peut écouter ici. L’émotion, l'essoufflement, la mauvaise qualité de la transmission, ou son fort accent de l’Ohio l’ont fait avaler l’article devant “man”, ce qui laisse planer une incertitude sur la signification : un petit pas pour l’homme, au sens l’humanité, ou bien un petit pas pour un homme comme moi. Allez savoir. C’est le problème avec les phrases historiques. On n’est jamais sûr de ce qui a été dit réellement.