Il eut été naïf de penser qu’après la victoire des listes “Europe-Écologie”, Cohn Bendit s’en retournerait tranquillement du côté de Francfort digérer son succès.
Dans un entretien récent avec Le Figaro, l’incontestable grand vainqueur surprise des dernières européennes enfonce le caillou dans la chaussure de l’antique Parti:
« Que les socialistes arrêtent de nous casser les pieds … Le PS devra faire avec la réalité de l’écologie politique qui a repris des couleurs vertes, fortes et brillantes. Il est donc temps qu’il arrête avec ce paternalisme d’un autre temps. » C’est assez brutal.
Ajoutons les déclarations d’un BHL souhaitant la disparition la plus rapide possible « d’un parti déjà mort » et il faut bien reconnaître que Martine Aubry connaît actuellement une tourmente de forte amplitude.
Dany le Rouge poursuit : « Moi, ma conception de l’écologie politique nouvelle est que nous en avons fini avec les vieilles définitions droite-gauche. Nous sommes très critiques vis-à-vis de la gauche traditionnelle et très loin de la droite. » Cette dernière remarque recouvre une réalité menaçante pour le PS en même temps qu’un électorat qui ne demande qu’à se gonfler. La problématique vaut aussi pour la droite, car si le phénomène touche d’abord l’électorat dit de gauche, il ne manquera pas de venir également percuter les repères traditionnels de l’autre côté de l’échiquier. C’est en tous les cas l’ambition du trublion vainqueur qui, s’appuyant sur des évolutions sociétales profondes, a eu l’intelligence de prévoir avant les autres. Même nos « verts traditionnels » style Mamère ne sont pas à l’abri de cette tornade verte new look.
Après avoir fustiger le passéisme des « traditionnels » il ne commet pas l’erreur d’un triomphe facile; il reconnaît la difficulté de la tâche. Il sait faire l’humble et ça plaît beaucoup : « Les voix des européennes ne nous appartiennent pas. Pour les régionales nous devons repartir de zéro. » C’est pas beau ça ? Et tellement vrai qu’il vaut mieux le dire. C’est à se demander pourquoi des attitudes aussi simples et payantes, l’énoncation claire d’une réalité, ne sont pas adoptées par les autres ? Tout simplement parce que c’est plus facile en “dynamique” positive que négative : faire l’humble quand on se sent fort et le “cador” quand l’état frise la grande faiblesse. Reconnaissons que le coup du « paternalisme » et de « l’autre temps » à l’encontre du PS est également tellement vrai, qu’il crève l’écran. Faire de la politique pourrait ainsi apparaître d’une grande simplicité : asséner avec force tautologies les « totologies » du moment.
Simultanément, BHL s’exerce à rédiger des faire-parts de décès programmé : «A quoi bon se voiler la face ? … Le PS est dans la situation du PCF de la fin des années 1970, quand la désintégration s’amorçait et qu’on tentait de la conjurer par des formules incantatoires sur - déjà - la refondation, la rénovation» Là encore le propos est rude et d’une grande acuité, même si l’auteur n’est pas vraiment un représentant des “classes laborieuses“. Il caresserait d’ailleurs un peu les mêmes profils que Dany : il y a du monde sur le créneau !
Pour la troisième couche, Julien Dray tient le pinceau. Il est certes toujours empêtré dans des histoires de montres, mais il éructe sur son blog : «Impuissance», «amateurisme», «incapacité à entendre», «autisme hautain et suicidaire»… et dresse un bilan accablant du début de mandat de la première secrétaire. On ne reviendra qu’à peine sur Valls … “qui restera et continuera à parler comme il l’entend” : Les vacances de Martine ne sont vraiment pas une sinécure.
L’attachement de ces interviewés de juillet pour Ségolène Royal n’est un secret pour personne, Dany un peu en retrait certes. Il est donc possible de franchir le pas de la manœuvre concertée. Royal se tait, Royal bonne fille du Poitou loyale et excellente camarade; les séides font le sale boulot et manient la lame …
C’est possible après tout ! Elle aurait alors franchi un pas tactique décisif, celui de ne plus jamais tenir le couteauqui tue.