Pierre, Jean et Ludovic, trois soldats, ne savent pas, en ce matin du 11 novembre 1918 (jour de l'Armistice) qu'ils livrent la dernière bataille de la Grande Guerre sur les collines de Vrigne-Meuse. Avant le conflit, ils ne se connaissaient pas. L'un est originaire du Périgord, l'autre des Corbières, le troisième de Paris.
Les obus pleuvent en cette aube glaciale. Ils sont bloqués dans un entonnoir, alors que le cessez-le-feu ne doit entrer en vigueur qu'à onze heures du matin. La seule manière de tenir encore, après quatre années d'un enfer auquel ils ont miraculeusement survécu, c'est de repenser aux moments les plus heureux de leur vie. Pendant ce temps, Juliette, Marie et Louise, leurs épouses, revivent elles aussi les instants clés de leur existence dont bien sûr la rencontre avec leur mari... Des êtres, plus que des personnages, pleins de sensibilité et de verve, qui semblent eux-mêmes tisser la trame de cette histoire.L'interview
Pourquoi avoir choisi un mode d'écriture qui déplace la narration du côté de chacun des personnages à chaque fois ?
Christian Signol : Cette méthode d'écriture m'a permis d'évoquer les événements de façon particulière, ainsi qu'ils étaient vécus par chacun des personnages, les soldats et leurs femmes. Cela donne l'impression d'une véracité accrue, cela projette un éclairage différent. Les personnages en ressortent plus vivants que s'ils avaient existés. Et je m'y suis beaucoup attaché.
Pourquoi pensez-vous que la Grande Guerre fascine encore autant nos contemporains ?
Christian Signol : Cette guerre fut l'événement le plus grand, le plus catastrophique du siècle dernier. Elle est inscrite dans notre mémoire collective. Je crois à une sorte de transmission de la mémoire par les gènes. Mais la volonté de vivre est plus forte que les catastrophes humaines. Pour moi, la guerre n'est qu'un prétexte pour parler de la vie.