La secrétaire d’Etat aux Aînés n’aura pas mis longtemps pour faire montre de qualités exemplaires en matière de vertu politique. Le Canard enchaîné dénonce en effet comment la sous-ministre a réussi le tour de force de cumuler avec ses activités politiques six longs arrêts de travail du 23 mai au 6 novembre 2008.
Durant cette période, Nora Berra, conseillère municipale d’opposition de Lyon et médecin a su profiter pleinement de ses nombreux arrêts de fortune ; « c’est ce qu’a constaté la Caisse d’Assurance-Maladie, dans un rapport de contrôle datée du 28 novembre 2008. Durant son congé - au cours duquel son médecin lui a permis d’aller et venir à loisir – cette jeune malade a participé notamment à trois séances du conseil municipal de Lyon, à quatre du conseil du VIIIe arrondissement. Et a donc continué à percevoir ses indemnités d’élue. En vertu sans doute d’un certain sens du devoir », rajoute ironiquement le Canard.
Le plus intéressant reste la manière dont cette affaire a été traitée par les services de l’Assurance-Maladie. L’enquêteur de la Sécu écrit en effet dans son rapport rendu à sa hiérarchie : « la Caisse serait fondée à demander restitution des prestations journalières fournies (…) Toutefois, après discussion avec M.Daniel Couturier (directeur adjoint de la CPAM lyonnaise) et après information prise auprès du service médical, il est préconisé un simple courrier d’avertissement ».
Alors que le trou de la Sécu est estimé à 20,1 milliards par Eric Woerth (dont 9,4 pour la branche maladie), trou causé d’après le ministre du Budget par les mauvaises habitudes des assurés, qu’une secrétaire d’Etat grève l’Assurance-Maladie ne constitue aucunement un acte répréhensible pour notre gouvernement. Nora Berra reconnaît avoir poursuivi allégrement ses activités politiques tout en recevant ses indemnités, mais considère que ce type de révélations s’apparente à de la « calomnie ».
Si attaque il y a, madame Berra, c’est à l’égard de la République française qu’elle s’exerce. En effet, qu’une élue dont la valeur d’exemplarité devrait être parfaite considère normal de profiter de l’argent public pour asseoir ses ambitions politiques est d’une extrême gravité.
Nul doute que la salariée du laboratoire Sanofi-Pasteur verra son employeur se retourner contre elle. Car il est entendu que les dirigeants des labos font peu de cas que l’un des leurs occupe les plus hautes marches de l’Etat et vivifie la fibre médicamenteuse et par là même leur intérêt au sein des ministères.
Forte de cette affaire, la Cinquième République s’en trouve une fois de plus embellie, un peu comme le décrivait en son temps Saint-Simon : « Le goût, l’exemple et la faveur du feu roi avaient fait de Paris l’égout des voluptés de toute l’Europe ».