Un dossier initié par Nico
The Natural, par Vance
J'en ai déjà parlé, mais ce film très américain sur la seconde chance, le don, le sport et ses valeurs humanistes, servi par un
très grand Redford et une partition qui me fait irrémédiablement fondre, ce film disais-je, je peux me le repasser en boucle ou m'en sélectionner les moments forts, comme cette tension appuyée
par un crescendo (de la foule et de la musique) au moment où Roy Hobbs va frapper la balle pour la première fois alors qu'il a attendu des semaines que son coach l'appelle : un
climax avant l’heure, qui se retrouve mais décuplé à la toute fin, dans ce match de la dernière chance où le destin d'une équipe, d'un club, d'un
entraîneur et de ses confrères reposent sur sa propre capacité à surmonter la douleur (de sa blessure handicapante et de ses doutes) et à faire appel à ce don qu'il a cultivé par amour pour un
père trop tôt disparu. C'est ce point d'orgue et cette libération qui me font vibrer, qui me font aimer le cinéma.
Je trouve que les Américains savent particulièrement bien se servir de ce suspense lié naturellement au sport pour en faire, sinon de grands films, du moins des séquences inoubliables. Mais celui-ci a une valeur particulière à mes yeux, notamment parce que, bizarrement, il n'est pas très connu : du coup - ça peut paraître ridicule, je le conçois - c'est un peu comme s'il était mon film à moi, je peux en parler à loisir comme d'une perle dénichée au hasard d'une errance en vidéo-club (alors que je l'ai vu pour la première fois sur la défunte 5, enregistré sur une VHS usée jusqu'à ce que l'achat d'un DVD vienne lui promettre une mort digne), je peux le vanter sans pontifier, en narrer chaque détail avant de le prêter avec un mélange d'excitation et d'angoisse anticipée, espérant que cet ami partage un peu de mon plaisir si personnel et redoutant de me heurter à son incompréhension polie.
J'en ai plein d'autres, blockbusters ou pas.
Merci Nico.
NB. le Meilleur, un film de Barry Levinson (1984) avec Robert Redford, Glenn Close, Robert Duvall & Kim Basinger.
Musique de Randy Newman. Adapté d'un roman de Bernard Malamud.