Eli se sent différente des autres, ce qui est loin de la déranger, elle a conscience de mener une vie qui n'est pas de son âge, qu'importe, son coeur bat pour son prof de maths et ses confidents restent les arbres de la forêt, son seul refuge. Alors d'où lui vient cette sensation que tout glisse, que tout fout le camp ? Cela commence par la garde partagée des jumeaux, avec leur père psychologue, cela s'enchaîne avec une maman qui se fait tabasser puis accuser d'empoisonnement, et enfin coup de théâtre lorsque la jeune adolescente apprend le secret de ses origines. La nouvelle lui vaut d'avoir le souffle coupé, mais aussi les jambes, car Eli va se retrouver brutalement paralysée.
Dit comme ça, cela donne un sentiment d'urgence et de catastrophe sous forme d'avalanche. Mais en fait, le roman est vraiment tout le contraire. Léger, pertinent, insolent mais pas crâneur, attentif, attachant et j'en passe. C'est un bon roman, un roman sensé et intéressant. Un roman qui suit le monologue d'une adolescente et qui me semble parfaitement en phase avec les émotions des jeunes de quinze ans. L'histoire est, de plus, servie par un ton poétique qui rend grâce au propos, certes, aigre-doux au fur et à mesure qu'on avance dans la lecture. Sans compter qu'il y a un positivisme à toutes épreuves, de quoi solliciter sourire et confiance chez le lecteur.
C'est tout le mal qu'on lui souhaite.
Médium de l'Ecole des Loisirs, 2004 - 214 pages - 10,50€
Photographie de couverture : Franck Juery