Droit et liberté

Publié le 18 juillet 2009 par Lheretique

Je vais être synthétique au possible faute de temps. Claudio s'est récemment interrogé sur la nature de la liberté, se demandant s'il fallait ne la définir que par une simple absence d'interdits. Il répond par la négative en évoquant des discriminations et des dysfonctionnements assez caractéristiques de notre pays.

Je ne suis pas sûr de le rejoindre. L'absence d'interdits est surtout une absence de limites. Ce qu'il me semble devoir dire, c'est que l'illimitation et la liberté ne sont pas synonymes.

L'un des premiers à saisir le danger que représente philosophiquement l'argumentation de l'illimitation, c'est Platon dans le Philèbe. La mesure s'oppose à la démesure comme le limité s'oppose à l'illimité. Se définir selon une mesure, c'est échapper au cours insensé des plaisirs sans limites. C'est à l'aune de la mesure, et non de la démesure que s'accomplit la liberté.

J'observe au demeurant que la même confrontation d'idées opposent relativisme et vérité. Nous n'en avons décidément pas fini avec le multiple et l'un chers à Platon...

Mais pour revenir sur les exemples que donne Claudio, je ne suis pas certain de le suivre. Il n'y a là à mon avis pas grand chose à voir avec la liberté. Nous sommes plutôt dans le domaine de la justice et du droit. Et de toutes façons, rien n'interdit de transmettre une profession de manière héréditaire. En ce qui concerne le jeune homme venu des cités, j'aimerais avoir connaissance de TOUS les paramètres. Quel est son niveau de langage, a-t-il l'accent des cités, quelle est sa tenue vestimentaire, par exemple. Le fait est qu'il ne dispose pas de tous les codes qu'a inculqué naturellement ou presque l'ingénieur à son fils. Mais ça, c'est un problème d'éducation, pas un problème de liberté. Si vraiment on veut essayer de combler ce fossé, on peut essayer d'enseigner ces codes à l'école ou ailleurs, sachant que l'école ne pourra jamais remplacer complètement la famille.