A quand un match du Top 14 au Stade Olympique de Montjuic ?
Du côté des Pyrénées Orientales tout le monde attendait le titre suprême depuis 1955, la fête fut grande dans tous les villages du département. On pensait qu’un tel titre permettrait à l’USAP d’atteindre une nouvelle dimension, notamment du côté de la Catalogne voisine, l’une des plus riches régions d’Europe. Alors que toutes les formations du Top 14 Orange se sont engagées dans une lutte sans merci pour recruter ce qui se fait de mieux dans le monde, que des nouveaux clubs ambitieux arrivent sur le devant de la scène prêt à bousculer la hiérarchie, l’USAP semble vivre à côté de tout cela, comme si de rien n’était ! Surprenant, voir déroutant…
Quand on regarde le tableau des transferts des clubs du Top 14, on ne trouve qu’une entrée du côté catalan : celle du pilier Benoît Bourrust en provenance du BO. En revanche les départs des internationaux Chris Cusiter, Nathan Hines (Ecosse) ou celui de Dan Carter n’ont été compensées par aucune entrée. On a bien évoqué les noms de Frédéric Michalak ou de Juan-Martin Hernandez, mais il n’en fut rien. Lorsque les journalistes du Midol posèrent la question à l’entraineur Jacques Brunel ce dernier leur a venté la qualité du centre de formation perpignanais. Il est vrai que l’USAP a eu le courage de lancer dans le grand bain des jeunes joueurs du cru, aussi le club catalan s’appuie sur un groupe solide et de qualité (On ne devient pas Champion de France par hasard) et de nombreux joueurs devraient quitter l’infirmerie. Alors est-ce un coup de génie ou un coup de folie ? Le fait de repartir la saison prochaine avec un groupe qui se connaît bien devrait assurer un bon début de saison pendant que d’autres prétendants chercheront encore la bonne carburation. Mais si les Mélé, Porical, Mermoz ont pu crever l’écran, c’est aussi parce qu’ils ont progressé au contact d’internationaux.
Finalement, le talent du groupe sang-et-or nous l’a peut être fait oublier, mais l’USAP ne dispose que d’un budget limité comparé aux Toulouse, Stade français, Toulon, Racing Métro ou Clermont-Auvergne. Ceci expliquant peut-être cela. Voilà qui m’amène à aborder le deuxième point de ce billet celui des délocalisations et des relations avec la Catalogne du sud.
Les Pyrénées Orientales connaissent depuis des années déjà de sérieux problèmes d’ordres économiques et repose sur un bassin de population limité. Difficile dans ce contexte de faire gonfler le budget du club quand on sait, à titre de comparaison, que le Racing Métro 92, des Hauts-de-Seine, peuvent compter sur un département dont le PIB est équivalent à celui de la Grèce. Mais voilà, l’USAP possède d’autres atouts dans son sac, elle peut se tourner vers la très riche Catalogne et sa capitale Barcelone, une ville au rayonnement international sans pareil. Depuis plus d’une dizaine d’année le club perpignanais a multiplié les contacts avec les voisins espagnols. L’USAP s’est même lancé dans un partenariat avec la section rugby du FC Barcelone. Le club n’a pas hésité à se catalaniser, en troquant ses vieilles couleurs pour le sang-et-or, adoptant au passage la devise « Sempre Endavant ». Plusieurs matchs de Coupe d’Europe ont été diffusés sur TV3, la télévision publique catalane, qui fut même à une époque l’un des principaux sponsors du club. Le club roussillonnais pousse le vice à son paroxysme en choisissant de jouer ses matchs de Heineken Cup en blaugranat, les couleurs du Barça, alors que le grand club omnisport transpyrénéen n’a pas déboursé un centime d’euro ! Depuis 10 ans on parle de cette possibilité de délocaliser un match de Coupe d’Europe au Stade Olympique de Montjuic (classé 5 étoiles par l’UEFA), cela était impossible jusqu’à présent car un règlement de la ligue interdisait l’organisation des matchs du Top 14 à l’étranger, mais cela sera possible dès la saison prochaine. Or, si les délocalisations dans les grands stades se multiplieront, aucune demande n’a été faite par l’USAP pour l’organisation d’un match dans la capitale catalane. A ne plus rien y comprendre ! Du côté des dirigeants, on prétend que l’organisation d’un tel match à l’étranger n’a rien de facile au niveau des assurances (Remarquez que cela ne semble pas avoir été un problème insurmontable pour le BO qui jouera à Saint-Sébastien ou pour le Stade français qui souhaite jouer un match de Heineken Cup à Bruxelles). Si l’USAP ne peut organiser un tel match à Barcelone c’est à se demander pourquoi on laisse l’organisation des matchs de rugby à un des professionnels ? Probablement que l’USAP craint un flop équivalent à celui du voisin treiziste. Pourtant qui ne tente rien n’a rien…
Espérons que l’USAP, capable de mobiliser les foules lors des matchs de phases finales ne nous prive pas d’une telle fête du rugby catalan…