Pour ma seconde participation à l'opération Masse critique de Babelio, je me suis vu attribué L'Icône de Gary van Haas. Pas un de mes premiers choix certes, mais l'histoire avait l'air assez intéressante : un peintre est engagé contre une grosse somme d'argent pour reproduire une mystérieuse icône en Grèce qui semble intéresser pas mal de monde...
L'idée de départ est bonne, mais d'un « journaliste d'origine américaine qui collabore régulièrement avec des quotidiens et des magazines du monde entier », j'en attendais mieux. Beaucoupe mieux même ! Car, depuis L'Acte d'amour, je n'avais rien lu d'aussi insipide et médiocre ! Mais reconnaissons au moins au présent ouvrage une qualité : montrer ce qu'il ne faut surtout pas faire si on veut écrire ! Sauf à écrire pour le cinéma, parce que j'avais la désagréable impression d'avoir entre les mains l'adaptation littéraire d'un film (même si c'est le contraire : « le roman sortira sur les écrans à l'automne 2009 avec Pierce Brosnan et Catherine Zeta-Jones en tête d'affiche », ne manque pas de préciser la quatrième de couverture). En effet, on a droit à la totale : une super scène d'ouverture avec duel à l'escrime (qui en jetterait au ciné à n'en pas douter, mais qui, moi, m'a freiné sec dès le début ! sans oublier la description de la voiture, dont on se passerait bien, dès la page 18... Mais après avoir lâché Duel en enfer, je me devais de poursuivre – également pour honorer mon contrat moral.
Et ce fut pour le moins laborieux... passons les fautes de ponctuations ou les coquilles un peu trop nombreuses, de même que l'écriture aérienne, et tentons de nous concentrer sur le fond. Avec par exemple cette description on ne peut plus fade et académique :
Ce fut à cet instant que Linda entra en scène. Vision enchanteresse, toute de blanc vêtue, majestueuse avec sa jupe courte qui accompagnait ses mouvements en souplesse. Dans cette lumière, elle paraissait plus bronzée, ses cheveux étaient plus noirs que dans le souvenir de Garth, et les bijoux qu'elle portait auraient rendu Ivana Trump jalouse. Il prit la main qu'elle lui tendait, dans un scintillement des bracelets de son poignet, et l'entraina au sous-sol, dans un coin calme où ils pourraient parler.
Voilà ce qu'il faut supporter tout au long du livre. Jusqu'à la fin j'ai pensé me tromper (un de ses amis peintres après avoir été engagé pour reproduire la même icône a sombré dans la folie et est mort ; on aurait gagné à creuser un peu plus de ce côté là je pense), mais rien n'y a fait. Bien entendu, qui dit Grèce, dit trésor enfoui, et donc notre héros ira plonger pour déterrer quelques amphores avec des compères et ainsi se faire quelques sous en plus (même si l'idée ne vient pas de lui il finit par céder). Mais surtout qui dit mystérieuse icône dit... templiers, secrets, prieuré de sion et tutti quanti !!! rien de nouveau sous le soleil en somme (encore que, rendons à César..., le livre date de 1985 – et on comprend mieux l'allusion à Ivana Trump – bien avant le Da Vinci Code donc, mais le ressortir ne peut que pousser au rapprochement et à... l'overdose. Car bien évidemment, Jésus n'a jamais été crucifié, pensez donc. La preuve : un manuscrit de la Mer Morte caché au dos de l'icône qui dévoilerait au monde la terrible vérité s'il venait à tomber entre de mauvaises mains (comme celles de nazi par exemple...). Heureusement le Vatican veille, quitte à s'associer avec les Israéliens qui ont des soldats de charme (après Ziva David dans NCIS, vous ferez la connaissance de Linda Zeta-Jones ; tout un programme...).
La prochaine fois, je ne me laisserai plus piéger par la première de couverture qui doit bien être la seule réussite de ce bouquin : la fameuse icône à moitié déchirée laissant apparaître le squelette d'un crâne ! Si vous avez envie de vous dépayser en Grèce, je conseille plutôt Le Mage de John FOWLES.