J’étais invité aujourd’hui au Centre d’Orientation et d’Observation pour Mineurs Etrangers Non Accompagnés de Neder-over-Hembeek à une activité ou 11 jeunes (principalement Afghans, Marocains, Algériens et Ougandais) présentaient leurs “tonTotem”
C’était la première fois que je me retrouvais, dans mes nouveaux habits de “Tuteur MENA” confronté à ces jeunes de 15 à 18 ans qui ont quitté tout ce qui faisait leur vie pour essayer de trouver une vie plus pacifique, plus libre et parfois plus confortable chez nous.
Pendant une semaine, sous la conduite d’un artiste invité, ils ont travaillé à construire chacun leur “tonTotem”: un Totem sur lequel ils se racontent. Un “tonTotem” parce que pour certain le Totem a une signification religieuse et qu’ici, on essaie de ne choquer personne dans ses convictions.
J’ai été particulièrement ému quand ce jeune afghan nous a expliqué que son tonTotem racontait la mort de son père, dans l’explosion d’une voiture suicide à Kaboul.
Au moment où les jeunes de chez nous pensent partir à l’aventure quand il s’en vont en vacances, je reste admiratif devant ceux qui ont vraiment pris la décision du voyage. Au sens premier de l’abandon de toute référence connue pour aller vers un ailleurs que l’on espère meilleur. Et d’entendre un autre de ces jeunes nous dire que la route de la liberté c’était de quitter Kaboul (encore) en voiture, de traverser vers la Turquie dans une barque, puis un paquebot pour la Grêce, un avion pour la Belgique, s’y faire cueillir par la police, enfermer en centre fermé et enfin déclarer que le centre ouvert de NOH, c’est presque le paradis…
Comment osons-nous refuser à ces jeunes qui ont eu le courage de tout lâcher, qui savent prendre des risques pour leur vie, comment osons-nous leur refuser le droit de vivre parmi nous ? Il paraît que 80% d’entre eux se verront refuser l’accès du territoire. Il paraît que c’est “normal”…