Depuis hier, la Cour des Comptes a rendu public son rapport concernant les dépenses de l'Elysée, ce qui est une nouveauté. A ce jour, nous devions nous contenter des études du sénateur apparenté PS : René
Dozières pour
décortiquer les dépenses présidentielles. Comme il est de gauche, cela pouvait être considéré par certains comme du parti pris ou de l'opposition systématique. Cette fois, il n'en est rien car Philippe Séguin, le président de la Cour des Comptes est un ancien cador du RPR et de l'UMP. Un Gaulliste social comme on n'en fait plus. Soulignons qu'à l'origine, c'est l'Elysée qui a autorisé ce contrôle, ce qui fait dire à Séguin que c'est la première fois que le chef d'état est contrôlé depuis Louis XVI. Veut-il nous rappeler le côté monarchique de nos institutions ? ;o)
En tout cas, ce qui était au départ une opération de communication de l'Elysée afin de montrer que LUI était transparent, contrairement à ses prédécesseurs, risque fort de lui revenir comme un boomerang médiatique. En effet, si l'Elysée a surtout communiqué sur la transparence nouvelle et les 14 000 euros remboursés par Sarkozy pour des dépenses personnelles payées par la présidence (c'est un engagement, ce n'est pas encore acté), ils ont fait l'impasse sur quelques menus détails croustillants. Le moindre n'étant pas les sondages payés par l'Elysée à Opnionway et transmis ensuite au Figaro pour publication (au nombre de 15). Les questions ont été habilement choisies pour favoriser les intentions gouvernementales et elles sont été transmises aux Français comme des sondages de la presse. Un habile moyen de propagande et de manipul
ation. Naturellement, l'électeur un tant soit peu averti sait bien que le Figaro roule pour la Droite, tout comme TF1 (même si c'est moins connu de certains). Néanmoins, les électeurs moins avertis (et ils sont nombreux) auront pris ça pour argent comptant.
La cour relève encore des anomalies sur le passage de marché public sans mise en concurrence. Là encore Opinionway est du lot, mais le traiteur de la Garden part aussi, choisi alors que sa facture était de 100 000 euros plus cher que son concurrent (qui proposait une prestation à 180 000 euros) et d'autres menues choses.
Au vu des résultats prévisibles de ce premier rapport, il est probable que Nicolas Sarkozy regrette sa décision et veuille revenir en arrière, mais politiquement, ce serait désastreux. Voilà comment une opération de communication risque fort de devenir utile à notre démocratie.