Le poulpe multipotent

J’ai eu l’occasion d’avoir entre les mains un drôle de magazine qui, comme on dit, circule sous le manteau.
Ca s’appelle le poulpe multipotent, et c’est stipulé « interdit au moins de 10 ans» . Quoique sur l’exemplaire que j’ai eu la chance de déshabiller, c’était marqué « interdit au moins de 10 ans et demi» .
Normal puisque c’était le numéro 2 et que la revue a pour ambition de sortir tous les six mois.

La chance que vous avez, c’est que le premier numéro est entièrement disponible sur Internet. Le malheur, c’est que vous risquez de ne jamais trouver le numéro 2 à moins que votre marchand de journaux soit un véritable po(l)isson.

Je vous invite donc à déguster le premier opus consacré à la pomme de terre. Et si ca vous plait, vous savez maintenant que le second, c’est sur l’électron.

Bref, pourquoi je parle de ça ?
Ah si ! Eh bien parce que c’est toujours agréable de voir que des talents artistiques parviennent à faire passer avec leurs belles armes de sympathiques messages écologistes. Quoiqu’ici, écologiste soit une étiquette trop réductrice.

Car entendons-nous bien, c’est avant tout une BD humoristique, pédagogique et insidieusement altermondialiste. On est pas loin de l’esprit Gotlieb et Léandri (ah ! la fabuleuse Encyclopédie du dérisoire) c’est à dire qu’on finit de lire en étant content. Content d’avoir ri, heureux d’avoir appris des trucs aussi intelligents qu’inutiles.

Par exemple, dans le numéro 2, il y tout une planche sur le micro-ondes (pour savoir comment ça marche) et un petit règlement de compte en bonne et du forme contre l’objet.

Sur ces planches, il y a l’attaque des McFrites (ah la malbouffe), le merveilleux voyage d’Ulrine (ah les camions et les grandes surfaces) et l’interview du pro (paysan bio) et l’élection de Miss Patate.

Parfois, je rêve aussi que des musiciens s’emparent de l’esprit écologiste/équitable/solidaire avec autant de légèreté. Pas à la manière pathétique et belliqueuse de Pascal Obispo ! Mais c’est quoi ce truc Captain Samouraï Flower ? « Pourquoi n’y a t-il rien plutôt que quelque chose*»  Pascal..?

Ah si ! Récemment, j’ai entendu le groupe de rap musette Java qui, dans son dernier album, a une super chanson sur le faste et l’environnement. Enfin c’est très allusif et donc ce n’est pas bêbete.

La chanson s’appelle Bling Bling.

En fait j’imagine qu’il y a plein de musiciens, de dessinateurs, de scénaristes et d’artistes qui font des trucs supers. Mais pour un poulpe multipotent qui passe entre mes mains, combien d’ecorazzi envahissent nos paysages audiovisuels.

Amis artistes… il faut qu’on se parle !

*Cette heureuse inversion de la formule de Blaise Pascal n’est pas de moi mais de Jean Baudrillard.
Honnêtement si vous avez pas vu le clip du nouveau héraut écolo… vous n’avez rien raté. Ou plutôt vous avez raté du « rien» . Tiens je donne même pas le lien. La nature a horreur du vide !