Le Congrès Mondiale des Géographes se réunit, à partir de demain, pour 5 jours à Bombay, en Inde. Cette organisation non gouvernementale s’est donnée pour mission de suivre, de manière indépendante, les implications geo-économiques, géo-politiques, démographiques, industrielles... de la montée des eaux à l’échelle de la planète. L’imagerie satellite est l’outil incontournable du géographe pour ce qui concerne les frontières maritimes. Les divers traités statuant sur les frontières politiques en sont un autre. Mais son rôle n’est plus la représentation statique des contours des terres notre planète et les nations qui la composent.
La montée des eaux ne se fait pas de manière uniforme sur l’ensemble du globe, principalement pour des raisons de volumes, de températures (induisant des dilations des volumes d’eau inattendues), de courants maritimes... L’élévation du niveau des mers est établit à compter de l’année 1978, début du contrôle du niveau des mers par les satellites. Mais on ne peut appliquer cette règle de manière automatique à l’ensemble des côtes, bien que l’imagerie satellite offre toute sa précision afin de vérifier l’état des "lieux"... Il faut parfois considérer telle ou telle élévation comme accidentelle, voire temporaire. C’est une décision humaines, c’est une des tâches des géographes.
Il est une autre tâche que le Congrès des Géographes voudrait bien se voir assigner : celle, une fois un profil côtier validé, du dessin officiel des côtes.
Mais les états, maritimes pour la plupart, ne veulent pas en entendre parlé. Et pour cause : une modification de surface du territoire national devient un outil politique très puissant pour qui veut faire parler des données et statistiques à son avantage. Un tracé avantageux peut faire grimper un pourcentage de productivité... un autre peut transformer une ville continentale en port franc à l’embouchure d’un fleuve qui à remonté de plusieurs dizaines de kilomètres.
C’est contre ces manipulations que les géographes militent, revendiquant une neutralité sensée garantir le juste tracé du nouveau profil qui se dessine et se redessinera au court des années, malgré les effort colossaux entrepris, à l’échelle de la planète, pour réduire l’impact de notre civilisation sur notre environnement. Mais, les états ne semblent pas prêts à abandonner cet outil extraordinaire qu’est devenue ce niveau des mers ,fluctuant à souhait, faisant , par ailleurs, preuve d’un cynisme éhonté à l’égard des populations victimes de cette même montée des eaux... Mais il semble que la raison d’état prime sur celles humanitaires.
© Olivier Parent