Depuis le temps que je lisais les aventures des joyeux membres du Gunthard Club, il me tardait de les rencontrer enfin. Rendez-vous fut pris dans leur repaire : le Goût des Hôtes, rue de Constantinople, dans le 8ème arrondissement (la partie la moins embourgeoisée).
Marc, Philou, Oliv et Eric G
Une partie de la joyeuse bande est déjà là. Et ça fait plaisir de mettre des visages sur des pseudo. Avant de les voir dans la vraie vie, on imagine plein de choses (et je ne vous dirai pas quoi, bande de coquinous).
Brunette et Eric G
Au fur et à mesure des arrivées, le nombre de bouteille à déguster augmente. Nous commençons à atteindre la vingtaine. Et c'est sans compter les apports de Gilles qui se fait attendre. Mais bon, comme vous le voyez, il y a également des crachoirs en nombres qui permettront de ne pas rouler sous la table...
Ca y est Gilles est arrivé ! Il commence à ouvrir un certain nombre de bouteilles qu'Oliv doit insérer non sans peine dans son "ordre du jour". D'où des numéros du style "9 bis" ou "9 ter"... Pendant ce temps, la dernière personne attendue est arrivée. Nous pouvons commencer à boire ... et à manger !
Foie gras cuit au sel
Le premier vin est un champagne que j'ai amené. Le papier alu qui la recouvre est à peu près aussi efficace qu'un string pour cacher une poitrine dénudée. Avant même de s'être servi, Eric dit en toute sérénité : "c'est un Champagne Tarlant!" . Pas drôle, car j'aurais été curieux de savoir quelles maisons champenoises ils allaient nommer, vu la qualité de cette bouteille. La robe est dorée. Les bulles sont fines et réparties dans l'ensemble du verre (pas de cordon). Le nez est très expressif, sur des notes de noisettes grillées, de brioche toastée, de fruits secs. La bouche démarre en douceur : ample, riche, presque moelleuse, avec une bulle caressante. Pour s'achever plus virilement : finale crayeuse, intense, avec une noble astringence. Ce mélange de force et de douceur est enthousiasmant ! C'est donc une Cuvée Louis de Tarlant (50% pinot noir, 50% chardonnay, principalement du 98 + réserves de 96 et 97).Le vin n°2 a une robe or pâle. Le nez est peu dissert : beurre fumé, agrume et pierre mouillée. La bouche est élancée, avec un beau volume. C'est rond, élégant, avec une finale légèrement astringente évoquant le calcaire. Cela semble encore jeune, mais prometteur. C'est un Bourgogne 2006 de chez Leflaive.
Le vin n°3 me fait penser à un vin de Tissot avec ses notes fumée, grillées, évoquant le lard et l'allumette. La bouche est puissante, charnue, très aromatique, avec une acidité presque tranchante qui allonge le vin. Finale tonique. Là aussi, je pars sur le Jura. Eh bien non, c'est un Meursault "les tessons" 2004 de Michel Bouzereau. Bravo à Gilles qui a deviné !
Je ne parlerai pas du n°4 : il n'était pas buvable. Bouchonné, réduit ... la totale !
Le vin n° 5 est à coup sûr un Riesling : robe dorée, nez sur le "pétrole", la fleur de camomille, les agrumes confits. La bouche est à la fois grasse et tendue, avec une belle vivacité. La finale est ferme, presque tannique. Un très beau vin qui en a encore sous la pédale. C'est un Clos Saint Landelin 1994 de René Muré.
Nous passons ensuite aux rouges...
Le vin n° 6 est rubis translucide. Il sent la framboise, la cerise, avec une touche de terre humide. La bouche est ronde, fraîche, avec des tannins souples qui se durcissent en finale. C'est très sympa, mais laisse un peu sur sa faim. Marc nous apprend que c'est le Hautes Côtes de Nuits 2007 de Vincent Lédy dont on a beaucoup entendu parler sur LPV.
Le vin n° 7 est sur la framboise et la mûre, avec des notes viandées et fumées. La bouche est mûre, intense, d'une belle densité, avec des tannins veloutés. La finale fraîche et mâchue est très gourmande et donne envie de se resservir. C'est un Clos de la Roche GC 2004 de Lignier Michelot.
Le vin n° 8 a une robe assez claire, évoluée. Le nez trahit également un certain âge, avec des notes de fruits compotés, d'humus et d'épices. La bouche est fine et élégante, sans aspérité, avec une bonne complexité aromatique. On aurait tendance à partir sur un volnay ou un musigny. Nous n'y sommes pas : c'est un pinot noir Herrenweg de Turckheim 1996 de Zind-Humbrecht. Damned, l'Alsace nous étonnera toujours !
Le vin n° 9 semble plus évolué, avec une robe un peu trouble. Le nez est d'abord champignonné, laissant place ensuite aux fruits et aux épices. La bouche est ample, pleine, dense, avec des tannins très doux et se conclue sur de belles notes de terre et de poivre. C'est beau. C'est un Nuits Saint Georges "Cailles" 1990 du domaine Michelot.
Le vin n° 9 bis est également évolué, avec un nez superbe sur la framboise et la cerise, les épices et l'humus. La bouche est fine, élégante, d'une grande harmonie. Finale longue et classieuse. Le plus beau de la série ! C'est loin d'être le meilleur terroir de Bourgogne, mais sûrement l'une des plus grandes vigneronnes : Savigny les Beaune "les Narbentons" 1992 du domaine Leroy.
Le vin n° 9 ter a une robe plus sombre, légèrement évoluée. Le nez sent le noble pauillac, avec ce mélange de cassis, d'humus et de tabac. La bouche commence en beauté, avec amplitude et douceur, mais très vite, des tannins dissociés apparaissent et durcissent sévèrement la bouche, gâchant énormément le plaisir. Ce n'est pas un rive gauche mais un rive droite : château Clinet 1995. Ca me confirme une fois de plus que 95 est une année aux tannins sévères...
Le vin n° 10 a une robe rubis légèrement évoluée. Il sent le sous-bois et la réglisse. La bouche est dense, mûre, mais les tannins durs là aussi gâchent le plaisir. Dommage pour ce Saumur Champigny "Lisagathe" 1996 du domaine du Hureau.
Le vin n° 11 a un nez complexe mêlant le cigare, l'olive, l'humus, les épices. la bouche est puissante, charnue,fruitée, mais là encore, je trouve les tannins un peu durs, puis asséchants. C'est Saumur Champigny "le Bourg 1997" du Clos Rougeard.
Le vin n° 11 bis a une robe rouge sombre et un nez sauvage sur la viande fumée, les fruits compotés, avec en arrière plan des notes fermentaires. La bouche semble très mûre, avec des arômes intense, des tannins veloutés (ça fait du bien après la série de 3 "durs") et un bel équilibre général. Finale épicée. C'est un Bandol 2002 du Château de la Rouvière.
Le vin n° 12 a en premier lieu des notes de volatile qui se dissipent, laissant place aux fruits noirs très mûrs, à l'olive et au poivre. La bouche est très mûre, dense, soyeuse, mais bien que j'ai supplié Oliv de le servir frais ... il est trop chaud ! Il tombe donc dans le côté obscur de la force, devenant lourd et alcooleux. Dieu merci, on devine derrière le potentiel de ce monstre sympathique. C'est une Sylvie 2002 de Terre Inconnue.
Nous finissons les vins rouges avec le n° 13 : nez sur les fruits compotés, l'olive noire, les épices. Bouche de bonne ampleur, mûre, avec des tannins plutôt souples au départ, puis se durcissant, offrant une finale un peu brutale. Tout le monde part sur une syrah, mais d'où ? Du Rhône sud : Château de Fonsalette 1996.
Et pour finir, quelques vins blancs sucrés...
Le vin n° 15, y a pas de lézard, c'est encore du riesling : plus "pétroleux" que le précédent, avec des notes de mangue. La bouche est pure, élancée, avec une texture plus dense et mûre que le précédent. La finale est nette et savoureuse. Une petite merveille ! Forcément, c'est allemand : Wehlener Sonnenuhr Auslese 1993 de Joh. Jos. Prüm.
Le n° 16 a une robe d'or liquide. Un nez sur la thérébentine et les fruits confits. Une bouche grasse et fraîche, très équilibrée. Et une belle finale, sans lourdeur. C'est le Coteaux du Layon "le vilain petit canard" 1996 du domaine des sablonnettes.Le vin n° 17 a une robe plus cuivrée. Un nez plus confit. Une bouche plus dense et plus longue. Mais pêche un peu par lourdeur, surtout après la dégustation que nous venons de faire. Un bon vin tout de même ce Coteaux du Layon-Beaulieu "l'enclaie" 1997 du Château Pierre Bise.
Le vin n° 18 a un nez sur le caramel et l'ananas. Une bouche vive et fraîche d'une belle puissance aromatique. C'est long et élégant. Ce coup-ci, nous sommes en Autriche : Pinot cuvee Ruster Ausbruch 1995 de Feiler Artinger. Le n° 19, je sais ce que c'est : je l'ai apporté. Je pensais faire croire que ce Clos de la Mémé 2002 de la Tour des Gendres pourrait passer pour un Tirecul. Perdu : je ne sais si c'est son périple en voiture qui l'a mis dans cet état, mais il est méconnaissable. Un nez quasiment muet, avec juste quelques notes de graphite. Une bouche suave, mais dominée par le sucre et un poil lourdingue. Décevant :o(En tout cas, ceux qui ont un pris un café après n'ont pas eu besoin de sucre ;o)
Eh bien voilà. Elle était déjà finie, cette soirée tant attendue. En fait presque calme et studieuse. Est-ce dû à l'absence de quelques membres éminents (Bobosse et Flo) qui enflamment d'ordinaire l'assistance? Ou à mon calme olympien contagieux comme la grippe H1N1? Ce fut en tout cas un beau moment, riche et généreux comme les vins que nous avons bu !
Bravo à Oliv pour l'organisation sans faille !
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