Tout commençait pourtant plutôt bien avec le set de Yeah Yeah Yeahs venus présenter leur tout nouvel album et leur tout nouveau clavier. Une crainte disparaît : Karen O ne donne aujourd'hui plus tant dans le cri de truie que dans le chant véritable. Et entre les coups de punks, le groupe démontre en plusieurs morceaux (dont "Runaway" et "Way out") que Yeah Yeah Yeahs c'est aussi, et aussi étonnant que cela puisse paraître, de belles chansons pop. Mais les choses se gâtent avec The Kills, dont le concert est, à l'image de leur arrivée sur scène, ridicule d'attitude « rock'n'roll ». A force de prendre des poses pour un shooting de mode fantasmé, le duo enlève toute consistance à leur concert. Le lendemain, je me dis que j'ai déjà vu le Strasbourgeois Lauter plus convaincant, puis ne me remets pas de l'amertume que me vaut le concert de mes chouchous Peter Bjorn & John. Le trio n'essaie même pas de tirer parti de l'énergie sèche de leur dernier album Living Thing, et livre un set en guitares où seul le pantin bronzé aux UV Peter Morén semble s'amuser. Le génie de studio Bjorn Ytlling s'endort, et le public, une fois passé le tube attendu ("Young Folks"), quitte le chapiteau. Après un tel dépit, j'en viens même à mettre de grandes espérances en La Roux, avec qui, on s'en rend compte lorsque commence ce concert assez mollasson, le cool atteint les limites du mauvais goût. Tout comme chez Kanye West d'ailleurs, dont la voix autotunée agace au plus haut point., malgré d'énormes sons de synthé putassiers (mmmh).
S'ajoute à cela quelques incohérences dans le planning, qui ne semble pas tenir compte des paramètres de luminosité. Programmer Alela Diane en pleine nuit entre deux concerts rocks, c'est prendre le risque de décourager des spectateurs, et de créer un choc esthétique qui joue en défaveur de la folkeuse. De même, l'excellent concert soooo Neue Deutsche Welle des allemands de Schwefelgelb aurait gagné à être programmé de nuit. Je me pose donc la question de l'efficacité de ces repérages Eurocks. Puisqu'ils sont de plus en plus pointus et exigeants, ne pourrait-on pas les mélanger au reste de la programmation ?
Alors au final, ceux qui tirent leur épingle du jeu, ce sont les attendus Passion Pit. Ils devaient être les MGMT de 2009, leur inégal Manners a prouvé au contraire qu'ils resteraient en deçà. Mais sur scène, il s'en sortent en réalité mieux que la gloire de l'an passé à qui on les a étrangement comparés. Notons également la brutalité salvatrice de Kap Bambino, le beau voyage dans le temps proposé par le shoegaze de The Pains of Being Pure at Heart, et surtout la découverte des australiens de Sleepy Sun, mené par une sorte de jeune Bobby Gillespie habité, et dont le concert de rock psychédélique 70's était parfait. Rendez-vous l'an prochain.
Les vidéos de la plupart des concerts sont en ligne sur le site du festival.