J'ai tué ma mère, de Xavier Dolan

Par Kilucru

J'ai tué ma mère
Un film Québecois de Xavier Dolan
avec Xavier Dolan, Anne Dorval, Suzanne Clément, Elise Guilbault, François Arnaud ...

Quinzaine des Réalisateurs Cannes 2009

-Art Cinéma Award, prix remis par un jury de programmateurs indépendants
- Prix de la SACD (Société des Auteurs et Compositeurs Dramatiques) qui récompense un long métrage francophone,
- Prix Regard Jeunes 2009.
Synopsis
Hubert Minel n'aime pas sa mère. Du haut de ses 16 ans, il la jauge avec mépris, ne voit que ses pulls ringards, sa décoration kitsch et les miettes de pain qui se logent à la commissure de ses lèvres quand elle mange bruyamment. Au-delà de ces irritantes surfaces, il y a aussi la manipulation et la culpabilisation, mécanismes chers à sa génitrice. Confus par cette relation amour-haine qui l'obsède de plus en plus, Hubert vogue dans les arcanes d'une adolescence à la fois marginale et typique : découvertes artistiques, expériences illicites, ouverture à l'amitié, sexe et ostracisme.


Xavier Dolan exploite tout les ficelles qui veulent bien se présenter à son imagination débordante.
Passant des longs plans séquences, vues serrées dans l’habitacle de l’automobile familiale où la mère et le fils se livrent à un véritable pugilat verbal. Sorte de passage obligé, les mots fusent, chacun semblant imperméable au discours de l’autre, et le ton de monter, ces mots rendus supportables par l’accent québécois mais pourtant oh combien agressifs. De même dans la demeure : là encore les repas sont rarement source de tranquillité, le malaise règne et, du fils comme de la mère, chacun semble ne pas voir ou essayer de comprendre ce qui n’est pas chez l’un qu’une simple crise d’adolescence !

Ce fils qui va jusqu’à se prétendre orphelin auprès de sa prof de français, cette dernière qui une fois le pot au roses découvert va chercher à l’aider, à mettre des mots sur sa souffrance, sur sa relation avec sa mère. Et enfin et surtout ce que cette mère ignore encore et que son fils lui cache, le nœud Georgien en quelque sorte qui les relie l’un à l’autre et qui, non avoué, cause tant d’inutiles souffrances !
Ce qui rend cette histoire (presque banale) extraordinaire réside dans l’habileté déployée par Xavier Dolan. Ce film, il l’a mûri, cogité, certainement construit et déconstruit pour peaufiner encore et arriver ainsi à son idéal cinématographique. D’autant plus important qu’il y rejoue sa vie.. À vingt ans …Sidérant !
Il utilise et tire de nombreuses ficelles. S’adressant en gros plan et en noir et blanc à une mini caméra DV, il s’ouvre ainsi au spectateur, analyse ses relations avec sa mère (Anne Dorval, magnifique en maman un rien paumée, un rien butée ), enregistre ainsi une trace. Simple exutoire, elle aura son importance dans le scénario final .
Il orne également les nombreuses et orageuses confrontations avec sa génitrice d’images issues de son imaginaire, qui telles des bulles explosent dans son esprit, telle une peinture funèbre sa maman comme sur un lit de mort outrageusement fleuri, ou remonte le fil du temps et tente de barrer la route à une future mariée toute de blanc vêtue, sa future génitrice !
Enfin Dolan manie l’art visuel comme si tout le reste ne suffisait pas, qu’il s’agisse d’une scène d’amour succédant à une séance de " dripping ", du décor austère d’un pensionnat, d’un snack-bar seventies, tout est jubilatoire, emmené qui plus est par une bande son émoustillante. A la violence des mots, des pensées, se superpose une légère insouciance, agissant comme un révélateur et nous menant doucement à la conclusion.
Ce film si riche pourrait être indigeste, mais non, car chaque ingrédient à été minutieusement pesé. ..Et surtout, comme Tout ce qui est fait avec Amour, il se mange sans faim…Bref Mon Gros Coup De Cœur !


CritiKat.Com "...Le réalisateur tente beaucoup. Et il réussit souvent, composant une oeuvre fiévreuse, cohérente et dense qui a eu l’honneur d’une projection cannoise remarquée à la Quinzaine des réalisateurs. Le cinéma québécois tient là un prodige prometteur particulièrement précoce, il lui reste à ne pas se brûler les ailes..."
Evene.Fr"...Cette histoire de matricide fantasmé touche par sa sincérité et son authenticité : le récit nage entre film d’adolescent capricieux et surprenante déclaration - à la fois d’amour, de haine, de guerre et de paix..."
àVoir-àLire.Com "..Narcissique mais jamais prétentieux, Xavier Dolan évoque sans faux-semblants son parcours adolescent. J’ai tué ma mère, l’heureuse surprise de la Quinzaine des Réalisateurs 2009, présente un réalisateur ambitieux, dont le style et le talent promettent une filmographie riche et originale..."
Le Devoir.Com (Quebec )"..Xavier Dolan, qui décidément n'en finit plus de briller. «Je tombe des nues. C'est inattendu. C'est de l'absurdité. C'est du dadaïsme», commentait-il. J'ai tué ma mère, le film où il a porté tous les chapeaux -- scénariste, réalisateur, producteur, acteur -- moissonne trois prix (sur quatre) à la Quinzaine des réalisateurs.."