« L’Eternel endurcit le cœur de Pharaon et celui-ci ne voulut point les laisser aller [les Hébreux]» (Exode 10 :27). « Au milieu de la nuit, l’Eternel frappa tous les premiers-nés dans le pays d’Egypte » (Exode 12 :29). Notre Seigneur à nous, NS, dans son infinie mansuétude, a décidé lui de protéger tous ceux qui, comme moi, sont des aînés, en nommant à cet effet une secrétaire d’Etat, et quelle secrétaire !
Je ne ferai pas à Madame Nora Berra l’injure de supposer que son élévation au secrétariat ne serait due qu’au souci de NS de préserver la diversité de son gouvernement, compromise par l’expulsion, pardon, le départ, de Madame Rachida Dati. Madame Berra, médecin, employée depuis plusieurs années dans différents laboratoires pharmaceutiques, mère de deux enfants, mue par la généreuse aspiration d’œuvrer davantage pour le bien public, n’a pas craint en 2001 de s’engager en politique. Il est malheureusement possible que ce soient ces activités multiples qui aient compromis sa santé, ce qui l’a conduite en 2008, à se trouver en arrêt de travail entre mai et septembre. N’écoutant que son courage, elle a néanmoins exercé pendant ces arrêts ses mandats politiques et, sans doute rétablie, a cru pouvoir en sus assumer un mandat de député européen.
Dans son édition du 15 juillet, Le Canard enchaîné a révélé ces arrêts de travail, précisant que Madame Berra avait continué à percevoir ses indemnités de conseillère municipale et que la CPAM avait enquêté à son sujet avant de se borner à un simple courrier d’avertissement. Niant avoir reçu un tel courrier, Mme Berra reconnaît partiellement les faits, avançant que son arrêt de travail ne l’empêchait pas de siéger au conseil municipal de Lyon. De plus qualifiés que moi rectifieront éventuellement mais il me semble que lorsqu’un salarié est inapte au travail, il cesse d’être payé après trois jours d’absence. Le mécanisme d’assurance de la SS peut alors être activé et le salarié perçoit des indemnités journalières pour éviter qu’il se retrouve sans ressources. Je vois mal comment il pourrait cumuler ces indemnités avec d’autres revenus du travail, sauf à considérer qu’être élu ne soit pas un travail. J’ai aussi quelques difficultés à imaginer comment on peut être inapte au travail et capable en même temps de tenir sa place dans des débats municipaux souvent houleux.
Le cabinet de la secrétaire d’Etat a déclaré : « Le simple fait de dire qu'elle était en arrêt maladie, c'est déjà ne pas respecter le secret médical ». L’ennui, c’est que :
1) Il n’existe pas d’arrêt maladie. Le salarié adresse à l’assurance maladie un formulaire d’arrêt de travail lorsqu’un médecin a constaté qu’il était inapte au travail, ce qui ne signifie pas obligatoirement qu’il soit malade.
2) Le secret médical est dû par le médecin, ses collaborateurs, et les organismes de contrôle, au patient. Il conviendrait de comprendre la phrase suivante du même communiqué : « Leurs propos relèvent de la dénonciation calomnieuse ». Ce leurs ne saurait faire référence au Canard, qui n’est aucunement tenu au secret médical. Viserait-on la CPAM pour avoir permis cette révélation, ce qui tendrait à prouver l’existence de la lettre ignorée par notre si dévouée secrétaire d’Etat, prête à risquer sa santé en Mairie ?