tout les repas pris en commun...

Publié le 16 juillet 2009 par Ressol

" Â tous les repas pris en commun, nous invitons la liberté à s’asseoir. La place demeure vide mais le couvert reste mis ".

Feuillets d’Hypnos, 131

René CHAR

En ce Festival d’Avignon 2009, René Char trouve encore heureusement sa place ("Char, Camus ou les 2 soleils de Sénac" Centre Européen de Poésie , 4-6 rue Figuière ) , quant à la liberté, elle reste toujours à cueillir et à accueillir.

Le Débat " Une politique culturelle pour la jeunesse ? " animé par l’Institut National de la Jeunesse et de l’Education Populaire (INJEP) avec la Fédération Nationale des Collectivités pour la Culture (FNCC) a offert à abCIDE l’opportunité, annoncée et bien préparée, de donner suite à la Lettre ouverte de bienvenue à M. Frédéric Mitterrand - Ministre de la Culture et de la Communication ( Festival de la Correspondance de Grignan 29 juin 2009).

L’introduction au débat par le nouveau directeur de l’INJEP, avec le recadrage politique de cette institution historique dédiée à la jeunesse et à l’éducation populaire, ne faisait pas mystère d’une reprise en main gouvernementale par et avec le Haut-commissaire aux Solidarités Actives et pour les jeunes 16-25 ans réputés non inscrits dans une culture commune de relance ou de " reliance "...

La place pour la liberté , celle des 20 ans de la Convention Internationale des Droits de l’Enfant, pour la jeunesse, entre les incertitudes de la définition de la politique culturelle pour tous et celle de la jeunesse sinon des jeunesses ( rurales, urbaines, européennes et métissées de toutes les régions du monde) demeure problématique mais ouverte car débattue. Si abCIDE regrette que " Une politique culturelle pour la jeunesse ? " ne soit pas " Une politique culturelle avec la jeunesse ? " ce qui à minima induisait une réciprocité entre le monde des adultes abonné aux injonctions et des jeunesses pas toutes mutilées des sens et du sens. Ce qui illustrerait mieux la diversité culturelle avec la coopération intergénérationnelle documentée. Le Ministre de la Culture et de la Communication n’ignore pas que " La Fête du livre " sans édition 2009, refera surface en 2010 avec une actualisation de la médiation culturelle et territoriale à laquelle participe tout le vaste réseau des Médiathèques et Bibliothèques Publiques. Ce remue-méninges du côté des outils engagés dans la société de l’information, de la communication et de construction circulation des savoirs, admet que des savoirs s’élaborent et circulent hors des réseaux labellisés et universitaires. Les démocraties s’honorent même de ne point y trop mettre d’instrumentalisations gouvernementales tout en gardant la haute-main politique nécessaire à l’illustration du vieille adage " Tout ceci nous dépasse, feignons de l’organiser ! ". Passé ce trait d’esprit frondeur, la politique culturelle avec la jeunesse, car le « avec » s’impose, devra bien prendre en considération les destinataires de celle-ci, particulièrement sous la contrainte de l’évaluation trans-institutionnelle que la culture-éducation-enseignement-information-orientation-formation-emploi-production de richesse impose. La compétitivité elle-même ne se soustrait pas de la diversité culturelle des sociétés de traditions orales qui reconnaissent aux savoirs informels la place associée à l’intersubjectivité et à l’irrationnel qui font l’humanité et son inhumanité. Les poètes s’invitent à la table des libertés publiques.

Reprenant l’expression de Patrick Viveret, celle de " despotisme clignotant ", les orientations gouvernementales ne peuvent pas être toutes systématiquement néfastes, si le despotisme éclairé n’est pas nécessairement durable et solidaire, il se peut qu’il éclaire quelques obscures coalitions pour que rien ne bouge.

Avec les prochaines Journées Européennes du Patrimoine ( 19 - 20 septembre ) suivant un protocole disponible et une mise en œuvre soumise à l’objection, " L’ESS carnet(s) " va être expérimenté avec des Collectivités, avec des Institutions, avec des Fédérations et Associations de l’Education Populaire, avec des jeunes, comme défense-illustration de la Convention Internationale des Droits de l’Enfant ( CIDE) . Les articles 11 à 17 de la Convention Internationale des Droits de L’Enfant ( articles ACTIFS - articles libertés) particulièrement mis en œuvre quand prévalent ceux de la protection de l’enfant ( minorisé) avec le risque d’une dérive sécuritaire qui entretient la défiance à l’égard des jeunes, quand notre confiance s’avère nécessaire pour qu’ils prennent en charge l’héritage et le transforme. Pour sortir du cercle vicié « jeuniste et présentiste » , qui relègue les savoirs qui ne seraient pas "tendance" au statut de " Patrimoines en déshérence " selon Paul Ricœur ; la coopération intergénérationnelle documentée, avec l’ESS carnet(s) , prendra appui sur des lieux - ressources et des sites choisis par les jeunes. Ces lieux-ressources documentaires avec les médiateurs culturels professionnels ou bénévoles, avec la pluridisciplinarité des approches du site et des objets qui les habitent, offrent une économie d’archipel des savoirs, une galaxie, explicitées par l’exemple de nomadisme curieux suivant.

Un Pays, le Pays Une Autre Provence ( 120 communes du Sud Drôme- Haut Vaucluse) :

un village , TAULIGNAN , caractérisé une enceinte de remparts en partie disparue mais balisé par ses onze tours, un Atelier-musée de la Soie qui nous ouvre les portes sur :

la sériciculture depuis les muriers et l’histoire de l’agriculture d’Olivier de Serres en Ardèche, l’élevage des vers à soie, les moulinages du Gard et du Vaucluse avec les muriers dans les paysages, les progrès techniques et l’art du façonnage des différents tissus jusqu’en territoire lyonnais. Un détour en Ardèche avec Ardelaine et au Cheylard à l’Arche des Métiers nous embarque vers les textiles high-tech et même la bijouterie associée à la Haute-couture avec Christian Lacroix via le Musée Réattu d’Arles. Au passage l’histoire des énergies avec les moulins, puis turbines hydroélectriques, puis électronucléaires. Pour ce dernier volet scientifique et technique, pour une part c’est la Région grenobloise qui nous tirera du côté des géographes et hydro géographes, puis vers l’électronique et les nanotechnologies, d’autre part vers Saint-Etienne avec le charbon qui permit la naissance et le développement du chemin de fer (1850), après la navigation fluviale à vapeur sur le Rhône (1830).

Avec ces héritages, les Journées Européennes du Patrimoine trouvent un second souffle, toujours dans le Pays Une Autre Provence, NYONS avec sa Sous-préfecture ( ancienne gare terminus du Train Nyons-Pierrelatte 1897-1952) , caractérisée par également des vestiges de remparts mais également par un Pont Roman qui fête ses 600 ans d’existence, pour franchir la rivière l’Eygues qui s’anima en 1992 comme sa voisine l’Ouvèze de sinistre mémoire pour Vaison-la-Romaine proche. Ce pont majestueux et sobre ne pouvait que renforcer un autre pont celui de l’inscription dans l’espace européen puisque Nyons est jumelée avec Nyon en Suisse (également dans le bassin versant du Rhône), avec Mechernich en RFA depuis plus de 40 ans, avec Manciano en Italie, avec Nules en Espagne et parraine le village de Borca en Roumanie dans les Carpates (maintenant dans l’UE). NB. Vaison-la -Romaine est jumelée avec Martigny en Suisse également au sein du bassin versant du Rhône. Avec tout cela sous les sabots du brave cheval de sa carriole de nomade curieuse abCIDE, trouvera bien une pose de réflexion sur la richesse reconsidérée entre les Journées Européennes du Patrimoine des 19 et 20 septembre et le Mois de l’Economie Sociale et Solidaire de novembre, avec la Semaine de la Solidarité Internationale et les Assises Régionales de la Jeunesse au Zénith à Saint-Etienne les 20 et 21 novembre. " Une politique culturelle avec la jeunesse ? ", avec quelques objets d’observation recueillis et transformés avec des artistes et des créatifs culturels . cf. " Etre plasticien aujourd’hui ? " avec la Galerie Lithos à Saint-Restitut, dont la Mairie est une ancienne magnanerie dont la pierre de taille " pierre du midi" fit l’ hausmannisation de Lyon (dont la Chambre de Commerce de Lyon) transportée avec les lignes ferrées transversales Nyons-Pierrelatte puis la Vallée du Rhône. Pour le métissage culturel, au sein des carrières de Saint-Restitut des inscriptions témoignent de la présence de la main d’œuvre indou dans ses carrières, déplacement de population avec les empires coloniaux et les conflits mondiaux... Rien de nouveau pour les mobilités, migrations subies anciennes ou contemporaines ou migrations volontaires du XXIème siècle avec Leonardo, l’Europass ou Erasmus, etc... La Convention Internationale des Droits de l’Enfant impose quelques obligations à la France et une politique culturelle qui l’ignorerait préparerait un retour du refoulé dont l’actualité fait quotidiennement l’illustration.

Toute cette investigation dans un passé qui a de l’avenir avec les jeunes invités à des regards croisés sur le monde, chacun avec son ESS Carnet personnalisé avec la curiosité collective et ses centres d’intérêt personnels, accueillis au 15 éme Mondial des Métiers à Lyon-Eurexpo en début février 2010.

Le Mois de l’Economie Sociale et Solidaire - nous y reviendrons sur ce Blog - aura rajouté ses nuances dans le tableau historique, politique, économique et social, du travail, de l’emploi et de l’activité. L’attachement territorial s’y sera sans doute enrichi autant que les mobilités, elles plus documentées sortiront du lot des fatalismes. cf. " Bouger pour rester" un film impliquant des ados et jeunes adultes d’un foyer rural de la Région Centre pose bien cette obligation investigatrice et solidaire. Se documenter pas pour seulement gagner/ vaincre mais pour coopérer et se codévelopper sans augmenter la charge de dégradation de la ressources biosphère. Référence à la Maison du Documentaire à Lussas.

Le "développement" local et global, rencontrera d’autres ponts que celui de Nyons ou de Vaison-la -Romaine, de Garabit ou Viaduc de Millau, y coulera sans doute d’autres eaux, enfin " le progrès", parfois le progrès humain. Une affaire de ressources humaines documentées et documentaires solidaires, durables !

cf ; " La mise en culture des territoires " GRICP - Presses Universitaires de Nancy.Juillet 2008.

Bienvenue en culture partagée.