Le président russe Dmitri Medvedev s'est rendu pour la première fois lundi 13 juillet en Ossétie du Sud, près d'un an après le conflit russo-géorgien d'août 2008 (voir la galerie photos du conflit réalisée l'année dernière par TB en fin d'article) et la reconnaissance de cette région séparatiste de Géorgie par Moscou.
"Je vous remercie pour l'invitation à visiter votre nouveau pays, le nouvel Etat d'Ossétie du Sud qui est apparu suite à des évènements tragiques", a déclaré M. Medvedev, cité par l'agence Ria Novosti, au début de sa rencontre avec le président sud-ossète Edouard Kokoïty.
"Le peuple ossète vous remercie pour le soutien, pour la reconnaissance de notre Etat (...) pour avoir sauvé notre petit peuple", a pour sa part dit Edouard Kokoïty.
Une courte guerre a opposé la Russie et la Géorgie, à propos de l'Ossétie du Sud, un territoire de 50.000 habitants, en août 2008.
Tbilissi avait déclenché une offensive pour tenter de reprendre le contrôle de sa région séparatiste, provoquant l'envoi massif de troupes russes en Géorgie.
La Russie a reconnu le 26 août l'indépendance unilatéralement proclamée de la petite république ainsi que de celle d'Abkhazie, un autre territoire séparatiste de Géorgie. Seul le Nicaragua a suivi depuis l'exemple de Moscou.
Tbilissi a vivement dénoncé la visite de Dmitri Medvedev à Tskhinvali.
"C'est une des pages les plus honteuses de l'histoire de la Russie", a déclaré le président géorgien Mikheïl Saakachvili, en visite à Ankara à l'occasion de la signature d'un accord sur le projet de gazoduc Nabucco visant à réduire la dépendance de l'Europe vis à vis de la Russie.
"Je ne sais pas si c'est une réponse à Nabucco (...) ou à la déclaration récente du (président américain Barack) Obama" qui a appelé la Russie à respecter l'intégrité territoriale de la Géorgie, a-t-il poursuivi.
Le président russe a été accueilli à Tskhinvali, chef-lieu de la province, par des centaines d'Ossètes qui l'ont acclamé.
Une jeune femme en costume national lui a offert une coupe de bière, des tourtes ossètes fourrées au fromage et des chachlyk (brochettes de viande), a raconté à l'AFP Irina Gagloïeva, porte-parole du gouvernement ossète.
"Nous avons de nombreux projets pour rétablir l'économie", a souligné le président russe.
"Vous me montrerez ce qu'il faut faire en priorité", a-t-il ajouté.
Depuis la guerre, Moscou a budgété plus de dix milliards de roubles (230 millions euros) d'aides pour l'Ossétie du Sud, mais les autorités ossètes affirment n'avoir dépensé que 1,5 milliard de roubles, et les habitants vivent toujours dans les ruines.
L'opposition sud-ossète, également pro-russe, accuse le président Kokoïty de détourner les fonds envoyés par Moscou pour reconstruire la république.
MM. Medvedev et Kokoïty ainsi que le ministre russe de la Défense Anatoli Serdioukov ont également visité une base militaire russe à Tskhinvali.
L'état major "est équipé au complet et la plupart des officiers ont une grande expérience de combat acquise dans des points chauds", a souligné le commandant des troupes de la région du Caucase du Nord, Sergueï Makarov, cité par le service de presse du gouvernement sud-ossète.
"Nous devons maintenir la coopération dans le domaine militaire", a souligné le maître du Kremlin.
Le gouvernement de l'Ossétie du Sud a décidé en mars de concéder à la Russie pour 99 ans des terrains pour l'installation de bases militaires sur son territoire.
La Russie s'est engagée à défendre les frontières de l'Ossétie du Sud et de l'Abkhazie, aux côtés des forces de ces deux territoires pro-russes.
Le président russe a déposé une gerbe au cimetière où sont "enterrées les victimes des agressions géorgiennes depuis 1989", a souligné Mme Gagloïeva.