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"Du local à l'universel" : les réflexions d'André Ravéreau sur la fonction d'architecte

Par Marc Chartier
L'architecte André Ravéreau (né en 1919) a consacré de longues années à l'étude des architectures et des habitats vernaculaires. De 1965 à 1971, alors qu'il exerçait les fonctions d'architecte en chef des Monuments historiques en Algérie, il s'est particulièrement intéressé aux maisons traditionnelles du M'zab et à la Casbah d'Alger. En 1980, il a reçu le prix Agha Khan d'architecture pour un dispensaire construit en terre à Mopti (Mali) et, en 1982, la Médaille d'argent de l'Urbanisme, décernée par l'Académie d'architecture.
Dans son récent ouvrage Du local à l'universel (éditions du Linteau, 2007, 156 pages), il revient notamment sur les enseignements qu'il a tirés de son expérience de l'architecture du Sud algérien et qu'il développa dans un ouvrage antérieur : Le M'zab, une leçon d'architecture (Actes Sud, 1987, 221 pages).
Exempt de tout pédantisme, mais avec suffisamment de conviction pour confondre la pratique de certains architectes qui pensent pouvoir construire de la même manière au Havre et à Marseille, Ravéreau y rappelle les principes élémentaires de toute véritable architecture digne de cette noble fonction.
L'architecte, dans chacun de ses projets, s'inspire nécessairement des acquis de son expérience construite sur le terrain, mais il se doit surtout d'intégrer, outre les besoins élémentaires de l'homme, les paramètres locaux que sont l'adaptation au site et aux conditions climatiques, la référence au contexte culturel, le recours aux matériaux disponibles sur place, l'impact sur l'environnement...
«L'architecture populaire, poursuit l'auteur-architecte, est là essentiellement pour servir l'homme, ce qui est mon objectif, et c'est entre autres pourquoi elle m'instruit. Je ne cherche pas à plaire, je cherche à satisfaire tous les sens de celui qui vivra dans mon architecture, qu'il se sente accueilli, qu'il ait frais quand il fait trop chaud dehors, qu'il ait chaud au bon moment, qu'il soit respecté dans son intimité, qu'il soit aussi respecté dans ses perceptions visuelles, que ce soit vis-à-vis du lieu que j'ai conçu pour lui, ou vis-à-vis de son environnement.»
Conformément à cette philosophie du bien-construire, l'architecture est harmonie, équilibre, cohérence partant du détail, adéquation au réel et à la vie quotidienne. Telle est la "leçon d'architecture" qu'André Ravéreau nous transmet suite à sa longue pratique de l'habitat du M'zab, qui est «le résultat d'une notion d'urgence, mais tellement bien pensée qu'ils [les Mozabites] ont pu la vivre dix siècles».
N'est-ce pas cela aussi le développement "durable" ?

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