« L’étui à violoncelle s’ouvre, sur la doublure de velours d’un rouge vineux repose une mitrailleuse toute neuve. A l’aube grise, on découvre les cadavres : au cours de sa ronde, le laitier les trouve auprès des bouches à incendie, le lift boy dans le hall de l’hôtel, le magasinier dans le hangar, entre les bidons d’huile. »
C’est ainsi que Hans Magnus Enzensberger entame son « Chicago-Ballade », un court texte sous-titré « modèle d’une société terroriste » que les toujours épatantes éditions Allia republient plus de trente ans après sa première traduction en français. Dans ce petit ouvrage de même pas quatre-vingt-dix pages l’auteur s’attaque au mythe Al Capone, un mythe du XXème siècle. Cet Alfonso Caponi immigra en Amérique à l’âge de un an pour terminer en 1931 devant un tribunal. Onze ans de prisons pour non paiement d’impôts. Entre temps la gloire et le sang s’entremêlèrent, criminel mais surtout très fin négociateur Capone était, dit-on à la tête d’une fortune allant au-delà des 100 millions de dollars. Terminant son parcours au cimetière de Mount Olivet, on enterra en ce jour de 1947, un gangster, un mythe mais aussi très probablement la fin d’une époque.
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> Hans Magnus Enzensberger, « Chicago-ballade », traduction Lily Jumel, Editions Allia.Lyon, le 16 juillet 2009.