Dans le rapport, qui est basé à la fois sur des données de référence et les réponses de l'enquête d'opinion des chefs d'entreprises effectuée par le FEM, on fait notamment l'éloge des résultats institutionnels de la Tunisie en précisant que les institutions du pays constituent « un de ses avantages concurrentiels principaux » dans la mesure où « elles reposent sur des relations transparentes et de confiance entre le gouvernement et la société civile ». De façon globale, les institutions tunisiennes ont été classées 22e au monde. Elles sont arrivées à un rang particulièrement élevé pour ce qui est de l'efficience des dépenses publiques (2e), de la confiance du public à l'égard des politiciens (16e), du faible niveau de favoritisme au sein de l'administration (14e) et de la transparence du processus d'élaboration des politiques (15e).
Au-delà des institutions, dans les 11 autres catégories évaluées dans le rapport, la Tunisie a également obtenu de très bons résultats, notamment en matière d'infrastructure (classée 34e), d'éducation primaire et de santé (27e), d'éducation supérieure et de formation (27e), d'efficacité des marchés des biens (30e) et d'innovation (27e). La seule catégorie qui a connu des résultats relativement médiocres est celle de l'efficacité du marché de l'emploi où la Tunisie est arrivée 103e sur un total de 134 pays évalués. Globalement, le classement de la Tunisie est impressionnant; le pays devance de neuf positions son plus proche rival africain dans le tableau, l'Afrique du Sud, classée 45e.
Dans un chapitre spécialement consacré à l'amélioration de la compétitivité, on a souligné les accomplissements de la Tunisie et de trois autres économies africaines qui ont su assurer une forte croissance grâce à l'adoption de stratégies de développement promulguant des mécanismes de marché efficaces. Tout comme l'économie de la Namibie, du Botswana et de la Mauritanie, celle de la Tunisie a été citée comme un exemple montrant qu'il n'était pas nécessaire de bénéficier d'un produit intérieur brut (PIB) important pour connaître une forte croissance. En effet, à l'instar de la Mauritanie, la Tunisie a eu une politique de diversification économique qui, dans les années 1970, a aidé son économie à demeurer concurrentielle à l'échelle internationale.
La réussite de la Tunisie a eu lieu malgré ses réserves limitées de ressources naturelles. Toutefois, peut-être est-ce grâce à cela que certaines pratiques qui ont nui à la compétitivité d'autres pays africains ont été évitées. En effet, l'absence de grands conglomérats publics dans les secteurs du pétrole, du gaz et des mines réduit considérablement le capital privé. De plus, la fiscalité perturbe moins les activités commerciales et l'efficacité dans le domaine agricole est relativement élevée grâce à des subventions plus faibles et mieux ciblées. Un engagement constant à l'égard du principe de privatisation a conduit, au cours des dernières années, au retrait de plusieurs services publics importants du contrôle du gouvernement et les revenus ainsi engendrés ont souvent été utilisés pour financer les engagements externes contractés par le gouvernement.
Cependant, bien que l'évaluation ait été très bonne dans de nombreux domaines, on a néanmoins souligné, dans le rapport, quelques éléments de l'économie qui méritent d'être améliorés. Comme nous l'avons déjà mentionné, les marchés de l'emploi ont été évalués comme étant moins libéraux que d'autres secteurs de l'économie et, bien que le pays ait été classé 2e en Afrique en termes de préparation aux technologies, globalement, la pénétration des technologies d'information et des communications (TIC) demeure faible. Ainsi, la pénétration d'Internet (79e), de l'ordinateur (77e) et de la large bande (84e) ont relégué la Tunisie dans la moitié inférieure du classement de l'enquête, bien que le pays ait obtenu de très bons résultats en termes de disponibilité de la technologie (36e), d'absorption des entreprises (34e), de transfert de technologie (27e) et d'environnement juridique des TIC (30e). Les chiffres montrent que, si, dans les hautes sphères de l'économie, la Tunisie a clairement réussi à combler le fossé technologique, on n'en a pas encore ressenti les effets dans le reste de l'économie.
Oxford Business Group