Le groupe de Santa Barbara (Californie) ne fait pas dans la demi-mesure. Il suffit d’observer son chanteur, Dez Fafara (un vrai nom de fou !), avec ses tatouages multiples et son piercing nasal, pour s’en convaincre. Ici, exit le look surfeur et la crème solaire. Devildriver passe plus de temps à répéter ses gammes métalliques dans une cave humide qu’à draguer les blondes peroxydées sur les plages californiennes. Bon, on arrête là les clichés et on se concentre sur ce quatrième opus qui risque d’agrandir la circonférence des circle-pits lors des passages de Devildriver dans les festivals de l’été. Pour mémoire, le groupe aurait dû rentrer dans le Guiness des records après avoir provoqué le plus grand circle-pit lors de l’édition 2007 du Download festival en Angleterre (le record n’a pu être validé). On se demande même s’il n’a pas renouvelé l’exploit cette année. Pour en revenir à « Pray For Villains », les américains réussissent à combiner, avec une rare perfection, l’agressivité du chant (c’est rien de le dire) et un certain talent dans l’art de composer des titres à la complexité technique certaine. Barbare et élaboré en même temps. C’est tout à fait audible sur « Back With Vengeance » où son chant très énervé fait bon ménage avec de solides riffs de guitare et des parties de batterie qui pilonnent sans vergogne l’auditeur. Nous sommes sans cesse confrontés à l’idée que ces musiciens sont des brutes épaisses qui cultivent une certaine forme de virtuosité un peu hors normes. Et ce sentiment s’avère relativement jouissif. Dez et sa bande de jeunots tentent ici de pousser le bouchon encore plus loin que sur le précédent opus « The Last Kind Words » (qui contenait le fantastique « Coulds Over California »). Les solis sont plus importants sur cet album et la paire de guitariste Jeff Kendrick et Mike Spreitzer a pris de l’assurance. Parfois, elle nous concocte des breaks inattendus comme sur la fin de « Fate Stepped In ». Sur « Pure Sincerity », c’est le batteur, John Boecklin, qui brille avec son jeu physique et précis. Et puis, il y a carrément des titres très personnels comme « Waiting For November » qui parle du jour où la femme de Dez a dû maquiller sa mère décédée lors des funérailles. Enfin, il y a les morceaux de bravoure que sont « I’ve Been Sober » ou « Another Night In London » qui promettent de beau carton lors des prochaines prestations du groupe. Au final, « Pray For Villains » est un album aux qualités indéniables mais à qui il manque juste le petit plus pour vraiment s’imposer comme un monument incontournable. Mais, on n’est pas obligé d’en demander autant à ce groupe qui sort du lot au sein de la scène actuelle.
Laurent Gilot
Devildriver, Pray For Villains, Special edition (Roadrunner)
Sortie le 13 juillet 2009
www.devildriver.com
www.myspace.com/devildriver
Devildriver, Pray For Villains, Vidéo live au Download Festival 09