C'est déjà le match retour ? Ce qu'il y a de bien avec les anniversaires, c'est que tous les ans à la même époque, ça revient ;-)
L'ami Vincent (Vougeot pour les intimes) recevait chez lui ou plutôt chez ses parents pour un grand moment de gastronomie et de dégustation. Connaissant l'artiste, nous savions qu'il allait nous faire plaisir et mettre les grands plats dans les plus grands... Je le remercie d'être son ami.
Passé cette désillusion, un premier blanc arrive. Autant vous dire qu'au nez comme en bouche, c'est la mer d'huile, le calme plat sans que la tempête n'arrive ! Rien, une expression terrible du vide pour ce Muscadet 2005 "Expression d'Orthogneiss" du pourtant superbe domaine de l'Ecu de Guy Bossard.
Le 3ème vin servi a du vivre un jour, mais à l'heure actuelle il est complètement oxydé. C'était un Meursault 1996 de Marc Rougeot-Dupin. R.I.P et re zut !
2 verrres nous sont servis en parallèle. Le premier arbore de fines notes de chèvrefeuille et de buis.
L'ensemble est vif, citronné. C'est bon. L'autre vin est tout à coup plus mur, sur des senteurs d'abricot. Il est assez long et possède indéniablement plus de coffre et de gras avec une légère pointe oxydative. Bien aussi, dans un autre style. Ce sont 2 Sancerres blancs : le premier est fait par Vincent Grall cuvée "le Manoir" du millésime 2006, l'autre est l'oeuvre d'Alphonse Mellot cuvée Edmond 2001. Bien pour Vincent Grall quand on connait le prix (7 €). Convaincu par Mellot ? Oui, enfin. Mais pas à 25 € la bouteille. Après quelques belles verrines qui nous ont ravi (tartare de saumon...), nous passons aux choses sérieuses dans l'assiette : des St Jacques, queues de langoustines et oeufs de saumon. Elles sont faites pour le duo qui suit. Le nez du premier est bien avenant, d'une grande maturité, sur le coing, le confit et le safran. La bouche est puissante et ronde et possède une belle minéralité sur des notes salines. J'aime beaucoup. Le second vin est un peu tenu par un élevage encore présent mais offre tout de même des notes de fruits blancs. On devine une noble origine bourguignonne, mais où ? En tout cas, le plat raisonne parfaitement avec ces 2 vins. Le premier missile minéral est un Savennières Roches aux Moines 2001 du domaine aux Moines. Le second est un Vougeot blanc 2002 du domaine Bertagna. Dernier duo de blancs. Incroyable nez de pain grillé, vous savez, ces odeurs qui viennent vous chatouiller le nez quand vous dormez et que le grille-pain est en action ! Ce Corton-Charlemagne 1996 de Maurice Maratray est encore clairement marqué par l'élevage. Pas certain qu'il décline d'autres arômes et se bonifie avec le temps. L'autre vin a tout d'un très grand vin : coing, sirop d'orgeat, vraissemblablement pâtiné par l'âge et quelques pointes oxydatives qui s'annoncent et même un semblant de notes pétrolées. La bouche est puissante, marquée par une fantastique salinité, les saveurs sont décuplées et équilibrées ! Magnifique !! Ce vin n'est ni plus ni moins que qu'un Savennières 1992 du Clos de la Coulée de Serrant de Nicolas Joly. Quand il n'y a pas de défaut, c'est grand. Merci Vincent pour ce cadeau.Pour glisser vers les rouges, Vincent présente un duo qui avait la difficile tâche de faire la transition. Il nous indique que les millésimes sont semblables. Nous partons vers le bordelais et plus précisement vers la rive gauche assez rapidement. Le premier vin donne dans la fraise écrasée avec des touches de menthol et même un semblant de gibier. L'ensemble est fin, de demi corps, les tanins sont encore un peu marqués, mais c'est très correct et semble d'une belle origine. L'autre vin possède plus de fraîcheur, le grain est plus serré et la structure plus imposante. Seule une finale qui tombe rapidement me fait préférer finalement le premier vin. Pauillac 1997 Château Lynch Bages VS St Julien 1997 Château Léoville Poyferré. Pas mal pour une entrée dans le vif du sujet ?
2 nouveaux verres sont servis avec une belle côte de boeuf. Le premier offre une complexité énorme : arômes viandés, café, zan, terre chaude et humide, sous bois. En bouche, ce vin est caressant, les tanins sont souples et fondus, j'ose dire que la structure est orgasmique ! A chaque fois que j'ai pris une gorgée, je me disais que c'était une caresse, un hymne à faire la paix avec n'importe qui. La longueur est entraînante, et quasi sans fin ! Et dire qu'il s'agit d'une propriété qui a eu des problèmes avec ces vins à la fin des années 80 et que ce millésime justement marque la dernière année des ennuis : c'est un St Julien 1990 Château Ducru-Beaucaillou. Le TOP et il débute gentillement son plâteau de maturité ! Après un tel missile en règle, quel nectar pouvait arriver sans faillir ni faiblir ? Le vin qui nous est servi est une bombe de fruits rouges, réhaussé par de subtiles touches fumées et épicées. En bouche, c'est croquant, dense et assez tannique ou plutôt, le vin semble bien plus jeune que le précédent. Joli vin que cette Côte-Rôtie "Brune et Blonde" 2000 de Guigal.
Vincent aime également les beaux Bourgognes, et nous aussi ! Mais j'ai moyennement apprécié l'Echezeaux 1995 de Pierre Miserey avec une sensation terreuse, séchante et un brin austère. En face de lui, tout l'inverse : le vin s'expose tout en douceur, calmement sur des arômes de fruits rouges, de menthe, de feuilles mortes. Le tout est d'une certaine buvabilité, avenant et pas compliqué. Une bien belle découverte avec ce Chassagne-Montrachet rouge 1996 du Château de la Maltroye.Le plateau de fromages est en vue ! On retourne dans le bordelais, c'est sûr. Magnifiques arômes de cèdre
et de boite en tuya, nez classieux, poivré. La trame tannique est serrée et semble se situer entre 2 âges. Les fruits rouges sont en nombre. Un très beau vin que ce Pauillac Pichon Comtesse de Lalande 1995. L'autre vin a beaucoup fait parlé. Les uns l'on défendu, d'autres ont ressenti une grande déception, à commencer par Vincent : c'est vrai que quand un vin est envahi par l'élevage et ses notes de café, déséquilibré sur l'alcool, que l'amertume finale prend le dessus et que l'on s'appelle Cos d'Estournel 96, il y a de quoi pousser un hurlement primaire ! Et pour ma part, je ne vois pas en quoi il pourrait s'arranger avec le temps.En interlude, servi seul, voilà un cru intéressant : réduit au départ, il s'ouvre sur d'agréables notes fruitées à la bouche d'ampleur moyenne. Seule une petite sécheresse finale en bouche gachera ce Corton le Rognet 1996 de Laleure Piot Père & Fils.
Le suivant est aussi célibataire. Trame végétale, matière dense et étoffée avec une certaine puissance et juvénile. Enorme potentiel, mais patience. Nous terminons cette série de rouges sur un Clos de Vougeot 1996 du Château de la Tour.
La soirée se termine avec 2 douceurs : elles sont servies en parallèle. Nous partons sur Sauternes sur le premier avec la batterie classique de senteurs. La liqueur est imposante, et le manque d'acidité se fait sentir. Du coup, le Lafaurie-Peyraguey 96 est un peu pataud. Par contre, celui qui lui est opposé a tout d'un grand : nez d'abricot sec, d'orange sanguine est des plus enjoleur. Le temps semble avoir fait son oeuvre avec une bouche pâtinée et un rôti en arrière plan. C'est complexe et équilibré. Un très beau Sauternes, Château Filhot 1990, tout en finesse, bravo ! Et Filhot n'en finit pas d'étonner Vincent (que oui)Encore un beau moment d'amitié contrasté par des échanges vifs mais respectueux en tous les points de vues. Le point central se trouvant justement au moment de déguster Lynch-Bages/Léoville Poyferré puis Cos d'Estournel. Pour ma part, une soirée qui me marquera par la dégustation de Ducru Beaucaillou 1990, de la Coulée de Serrant 1992 et par Filhot 1990. Rien que pour cela, merci mon ami, merci Vincent, merci Anne... et encore bon anniversaire.