L'hiver de pluie

Par Anne Onyme

Lise Tremblay
Bibliothèque Québécoise
120 pages

Résumé:

Une femme marche dans la ville, refaisant inlassablement le même parcours, sans autre but que celui de ne pas céder à l'inertie.

Mon commentaire:

Après avoir lu et beaucoup aimé La héronnière, un recueil de nouvelles, je me suis lancée dans le premier roman de l'auteur: L'hiver de pluie. Je réalise d'emblée deux choses avec cette lecture. Lise Tremblay a un véritable don pour les mots. Elle les maîtrise bien et fait passer, en quelques phrases, toute une atmosphère. Cependant, L'hiver de pluie me laisse une impression de grisaille, de tristesse, de mal de vivre très profond. Comme un hiver sans neige, un hiver de pluie, gris et froid. Cette lecture m'a dérangée. Je n'ai pas aimé l'atmosphère grise, urbaine, d'âmes désespérées, qui mènent une vie sans projet, sans lendemain, sans bonheur. C'est du moins ce que j'ai ressentis pendant ma lecture. L'hiver de pluie est un roman que je trouve vraiment triste. L'atmosphère qui s'en dégage respire l'attente. La narration est pour le moins étrange.

Une femme, la narratrice, écrit des lettres à un homme, qu'elle classe dans un cartable rose. Elle ne les envoie pas. Elle écrit aussi des bribes de textes, sur toutes sortes de choses. Son travail d'écriture ne m'intéressait que très peu. C'est une femme qui marche tous les jours, un sac de plastique à la main contenant un livre de Jacques Poulin. Elle se promène d'un endroit à un autre, rend visite à des amis, tous aussi désoeuvrés qu'elle. Le texte est écrit d'un jet et prend une forme qui ne m'a plu.

Je n'ai donc pas aimé cette lecture, dans le sens où je n'ai pas pris plaisir à l'histoire et que les personnage m'ont laissée déprimée. Je ne comprends pas les préoccupations de la narratrice (de l'auteur?) et je trouve son regard sur le monde vraiment pathétique. Je peux apprécier un livre qui est négatif, mais quand j'en comprends les raisons. Dans ce cas-ci, je suis perplexe... Je n'ai pas aimé la forme confuse de ce roman, les moindres détails qui nous sont relatés. Ce n'est pas un roman où il se passe quelque chose, c'est un roman tout en demis-tons. On y crée une atmosphère en peignant le quotidien cru et froid. C'est très urbain. Très glacé. Ce genre de roman ne me plaît générallement pas. Cependant, pour réussir à transmettre toute cette grisaille au lecteur Lise Tremblay a indubitablement le don des mots et un réel talent d'écriture. Je poursuivrai donc ma découverte de son oeuvre. La soeur de Judith et La pêche blanche m'attendent...

Quelques extraits:

"La vieille ville, c'est une petit ville. On n'y est jamais seul. Jean-Louis dit toujours que l'enfer est dans les petites villes. Je pense que l'enfer est dans l'absence de solitude, dans l'impossibilité de se débarrasser de son identité et de toujours être reconnu, nommé, identifié. Les petites villes sont des enfers parce qu'elles obligent à tenir un rôle éternellement, sans sursis. Ceux qui viennent ici se connaissent depuis longtemps, souvent depuis qu'ils sont adolescents. Ils savent tous qu'ils sont vieux, ils sont ceux qui restent. Ils ne se regardent même plus, ils vont dans les bars parce qu'ils ne peuvent plus faire autrement." p.51

"Marthe a oublié une de ses écharpes sur le dossier d'une chaise, elle doit venir souvent. La cuisine sent la fumée de cigarette. [...] J'ai gardé mes bottes, j'ai les pieds humides, je devrais les enlever, sinon, je passerai le voyage à ne penser qu'à cela, qu'à mes pieds humides au fond de la voiture. Jean-Louis crie qu'il est prêt, que nous pouvons partir. Il est déjà dans l'escalier. Je traverse l'appartement pour le rejoindre. Il fait sombre. Le jour est tombé. Je suis inquiète." p.82